De passage en Belgique, David Foenkinos est venu présenter son dernier roman Numéro deux à Thierry Bellefroid et Lucile Poulain dans " Sous Couverture ", l’histoire d’un jeune garçon recalé in extremis pour incarner Harry Potter au cinéma. Hasard du calendrier ou pas, le livre sort alors qu’on vient de célébrer le vingtième anniversaire de la sortie d'Harry Potter à l’école des sorciers avec Daniel Radcliffe dans le rôle principal.
A quoi tient un destin ? Une vocation ? Cette question au centre du dernier livre de David Foenkinos pourrait aussi être au cœur de son propre parcours. Né en 1974 dans un milieu modeste où la culture n’était pas très présente, le jeune David est victime à 16 ans d’une grave infection de la plèvre qui nécessitera une lourde opération du cœur. Immobilisé pendant de longs mois à l’hôpital, il découvre alors les livres qu’il dévore, s’initie à la guitare et se plonge dans les livres de peinture. Remis sur pied, ces nouvelles passions ne le quitteront plus. Avec au début une préférence pour la guitare. Il se rêve longtemps musicen. Il étudie les lettres à la Sorbonne tout en suivant des cours dans une école de jazz. Devenu professeur de guitare, il tente à plusieurs reprises de monter un groupe de musique mais ne trouve jamais de basse. Il se tourne alors vers l’écriture et est repéré par Gallimard en 2001 avec Inversion de l'idiotie : de l'influence de deux Polonais. 20 ans se sont écoulés. David Foenkinos est toujours chez Gallimard dont il est un des auteurs phares puisque l’éditeur n’hésite pas à tirer Numéro deux à 120 000 exemplaires pour cette rentrée de janvier.
Les premières pages de Numéro deux
"La légèreté n'est jamais l'économie de la gravité"
D’avoir frôlé la mort à l’adolescence, David Foenkinos a gardé " une tension de vie qui intègre le fait qu’on est peut-être jamais loin de la fin ". Une tension de vie qui prend la forme d’un côté loufoque, burlesque dans ses premiers livres. Il se dégage de ses personnages un charme fait de fragilité, d’humour, de délicatesse. Le ton est léger mais comme l’écrivain le dit si bien " la légèreté n’est jamais l’économie de la gravité, ce n’est jamais antinomique à la profondeur ". A l’image de ce style facilement identifiable, David Foenkinos explore souvent les mêmes thèmes, des histoires de reconstruction, de réparation, de consolation. Dans La délicatesse, il parlait de la difficulté de continuer sa vie après un deuil. Dans Numéro deux, il questionne la manière dont on traverse un échec à l’époque où les réseaux sociaux affichent en continu la vie rêvée des autres et intensifient dès lors ce sentiment d’échec.
L’empathie est une autre constante dans l’œuvre de David Foenkinos : On ne peut pas écrire un livre froidement. L’écrivain qui a coréalisé avec son frère deux films (l’adaptation de son livre La délicatesse et plus récemment Les fantasmes) se dit très impressionné par la manière dont les acteurs travaillent, nourrissent leur personnages pour les incarner : L’écriture avec un aller-retour entre des phases de doute et des phases de certitude nous propulse vers l’incarnation confiait-il récemment au micro d'un journaliste français :
Pendant un an, j’ai vraiment été ce numéro deux en voulant à la fois le consoler, l’aider, le réparer et puis lui dire qu’il y avait une sorte de vertu dans cet échec et qu’il allait le comprendre.
Numéro deux est le dix-huitième livre de l'écrivain. On lui souhaite le même parcours que Charlotte qui tient une place particulière dans l'oeuvre de David Foenkinos et lui valut en 2014 le Prix Renaudot et le Goncourt des lycéens. Tout comme son dernier livre, Charlotte, le portrait de la peintre Charlotte Salomon relate un destin qui a su se reconstruire par la beauté et la sensibilité. Pas étonnant quand on sait qu'une des phrases préférées du romancier est celle de Churchill : "Le succès c'est d'aller d'échec en échec".
Retrouvez David Foenkinos au micro de Thierry Bellefroid et Lucile Poulain ci-dessous