Jamais nommé dans "Anéantir", Emmanuel Macron est bien reconnaissable quand une conseillère en communication le qualifie de "magnifique animal politique", toujours sémillant "depuis le début de sa fulgurante ascension".
Il a dirigé un pays "en déclin", miné par les inégalités, la mort lente des petites villes et des campagnes, et un chômage persistant. "Le décalage entre les classes dirigeantes et la population avait atteint un niveau inouï", s’alarme le narrateur.
En 2027, la gauche n’existe que difficilement, le Rassemblement national est toujours fort au premier tour mais en peine au second, et la personne d’Éric Zemmour n’attire que haine ou admiration. Autant d’éléments qui rappellent 2022.
"Anéantir" s’intéresse à un tandem au cœur de cette campagne, le ministre de l’Économie Bruno Juge, et son conseiller spécial Paul Raison.
Cet homme de 49 ans, serviteur de l’État et de la majorité présidentielle, d’humeur égale bien qu’enfoncé dans une crise conjugale sans fin, désabusé par son propre fatalisme et son goût conscient du confort bourgeois, sera le protagoniste du roman.
Le personnage de Bruno Juge, "probablement le plus grand ministre de l’Économie depuis Colbert", rappelle quant à lui un certain Bruno occupant les mêmes fonctions, Bruno Le Maire.
Le "vrai" ministre est un ami personnel de l’écrivain, se disant "très lié" avec lui. Fin octobre, il avait révélé devant un parterre d’industriels que le roman à venir défendrait l’industrie.