Iosif Ascente sort son canot tous les jours depuis plus de quarante ans. Mais comme beaucoup de jeunes Roumains, ses deux filles ont quitté le pays pour travailler à l'étranger. "Mes fils travaillent en Allemagne, sur des bateaux de croisière", détaille quant à lui M. Bondarencu.
"J'aime cette région mais je n'aurais pas voulu que mes enfants y restent", souffle le maire adjoint. En hiver, le brouillard complique la navigation et il arrive encore au fleuve de geler.
Mieux vaut ne pas attraper le nouveau coronavirus dans l'isolement du delta. "Il y de bonnes chances pour qu'il soit trop tard quand la chaloupe de secours arrive", confie Iosif Acsente.
Assis sur un petit banc devant sa maison, Ilie Ignat, 75 ans, se remémore "les beaux jours" des pêches miraculeuses en mer Noire et les hivers qui coupaient le village du monde durant des semaines. Il a raccroché ses filets il y a une dizaine d'années. "Les jeunes d'aujourd'hui ne veulent plus faire d'effort. Les rames, c'est fini !", lâche-t-il, avec un brin de vague à l'âme.
Le poisson se fait rare. Ce jour-là, un seul sandre s'est égaré dans le filet tendu la veille par Iosif Acsente.