Les paupières fermées, à quelques centimètres de l'aiguille rutilante qui s'agite, Micheline Kilabuk-Cote, 37 ans, a décidé de tracer sur ses tempes le symbole de la fratrie qu'elle forme avec ses deux sœurs. Cette habitante d'Iqaluit, la capitale du Nunavut, a "hâte" de franchir enfin ce pas qu'elle attendait "depuis si longtemps".
Un tatouage que cette fonctionnaire voit comme un hommage à son héritage culturel et familial et à sa mère inuit, décédée lorsqu'elle avait 18 ans. "Je n'ai pas eu la chance de vraiment me lier à elle et à sa culture en tant que telle", raconte cette femme à la voix posée, qui veut "se réapproprier" ce que sa mère, non tatouée, n'a pas pu avoir.
Visibles notamment sur le menton, le front ou encore la poitrine, les tatouages traditionnels étaient pendant longtemps un moyen de communication pour transmettre des informations sur la vie d'une femme, ses intérêts ou son statut dans sa communauté. Certaines se faisaient tatouer sur les doigts et les mains pour honorer Sedna (la déesse de la mer), d'autres sur les cuisses pour signaler qu'elles étaient mères.