Il y a deux semaines, la marine avait annoncé avoir pris en remorque l’ancien porte-avions dans l’Atlantique. Il était jusque-là tracté par un remorqueur néerlandais pour le compte du chantier turc Sok Denizcilik.
Elle avait précisé qu’au vu de son état de dégradation et "du risque élevé" qu’il représentait pour l’environnement, elle n’autoriserait pas son retour dans un port ou dans les eaux territoriales brésiliennes.
Plusieurs ONG avaient alors fait part de leur crainte de voir le Brésil commettre un "crime environnemental".
Ce fleuron de la marine française, passé en 2000 sous pavillon brésilien, a longtemps erré en mer à la recherche d’un port refuge.
Construit à la fin des années 50 dans le chantier naval de Saint-Nazaire, dans l’ouest de la France, il a été pendant 37 ans au service de la marine française, avant d’être acheté en 2000 par le Brésil, qui l’a rebaptisé Sao Paulo.
Mais en raison de sa vétusté et d’une série de problèmes liés notamment à un incendie en 2005, et alors que sa modernisation aurait coûté trop cher, Brasilia a décidé de s’en défaire. Le chantier Sok Denizcilik l’a acheté pour sa ferraille en avril 2021 mais menaçait de l’abandonner faute de trouver un port pour l’accueillir.
En juin 2022, il obtient l’autorisation des autorités brésiliennes de le convoyer jusqu’en Turquie en vue de son démantèlement. Mais alors qu’il se trouve fin août au niveau du détroit de Gibraltar, les autorités environnementales turques font savoir qu’il n’est plus le bienvenu.
Le Brésil lui fait faire demi-tour mais sans l’autoriser à accoster malgré le constat d’une "aggravation des dommages" au niveau de la coque. Le 19 janvier, le remorqueur néerlandais ALP Guard opérant pour le compte du chantier commence à s’éloigner des côtes brésiliennes, après avoir passé plusieurs mois au large du Pernambouc.
Mais une décision de justice lui interdisait de naviguer dans les eaux internationales sans autorisation préalable des autorités brésiliennes.
C’est la raison pour laquelle l’agence publique environnementale brésilienne Ibama, responsable au Brésil de l’application de la Convention de Bâle sur les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux, a fini par demander une intervention de la marine brésilienne.