Celui qui pourrait rester ministre des Affaires étrangères dans le prochain gouvernement revient sur la volonté des socialistes d’exclure les libéraux dès le lendemain du scrutin et de créer des majorités régionales sans même laisser le temps au fédéral de se mettre en place. "Nous nous sommes alors retrouvés dans l’hypothèse de la suédoise qui donne la priorité au socio-économique tout en refusant toute revendication communautaire." A propos de la probable désignation de Charles Michel au poste de Premier, il déclare: "C’est un "premier Ministre naturel ".
Un gouvernement de droite assumé
Didier Reynders revendique le statut de gouvernement de droite: "Pour la première fois depuis 25 ans, un gouvernement va assumer des choix. Il a une trajectoire budgétaire. Nous voulons revenir à l’équilibre en redonnant une capacité de création d’emploi et en favorisant le pouvoir d’achat. On déclare donc le retour à l’équilibre budgétaire à 2018. On se donne ainsi un peu d’air et on pourra y arriver par des économies, sans lever de nouvelles charges."
Des économies qui se feront d’abord dans les appareils de l’Etat. "Il y aura des limitations dans les recrutements comme cela se fait aussi dans les régions et communautés et ce sera également le cas dans la sécurité sociale". Le vice-Premier évoque encore un renforcement de la lutte contre la fraude.
Un gouvernement pour le "pouvoir d’achat"
Le gouvernement à venir entend faire ce que les socialistes "ne voulaient pas". "Quand des gens investissent dans une PME, il faut arrêter de leur dire que l’on va augmenter sans arrêt les prélèvements sur ce qu’ils peuvent espérer un jour de leur prise de risques. On ne va pas faire les erreurs du PS maintenant qu’il est dans l’opposition." Didier Reynders déclare en revanche vouloir associer les partenaires sociaux aux futures réformes. La principale d'entre elles pourrait être la baisse des charges sur les entreprises. Un montant supérieur à 3 milliards d’euros qui sera financé par un unique saut d’index. "Nous ne le ferons qu’une seule fois, pour baisser le poids de la charge salariale." Est également prévue une baisse des cotisations sociales de 33% aujourd'hui, vers 25%. "Ce sont les entreprises qui créent de l’emploi. On veut soutenir le pouvoir d’achat en baissant la fiscalité." Aucune hausse de taux de TVA n’est au programme, mais des accises vont augmenter. "Pas sur la bière" précise le ministre.
Tout cela devrait, selon lui profiter " à tous ceux qui travaillent et ont travaillé. "
S’arrêter réellement à 65 ans
A propos de l’augmentation de l’âge de la pension, Didier Reynders explique qu’il fallait réformer le système des retraites 'pour qu’il n’entre pas dans le mur'. "Durant les 10 ans qui viennent nous allons tout faire pour que l’on prenne sa retraite le plus près possible de 65 ans. On va retarder et supprimer progressivement les prépensions. Pour les retraites anticipées nous sommes aujourd’hui à 60 ans. Cela va évoluer vers 61, 62 et 63 ans ans. Pour ceux qui ont plus de 50 ans, ce sera progressif. Et pour les plus jeunes on dit clairement les choses."
Le N-VA est un parti démocratique
Didier Reynders avance une explication pratique à la présence du MR dans un gouvernement associé à la N-VA. "On m’a reproché les contacts avec la N-VA, mais la Flandre a voté comme cela et le PS a choisi de gouverner en Wallonie et à Bruxelles sans les libéraux. Nous n’avons pas eu la main et nous avons essayé de faire une majorité avec le cdH qui a refusé Ce qui se met en place aujourd’hui est cohérent. Il y avait une condition très claire et elle a été respectée : il n’y a pas eu une seule discussion sur le communautaire durant toutes les négociations. Avoir un gouvernement sans les socialistes, c’est déjà une réforme en soi et faire des réformes socio-économiques fortes est un moyen d’éviter une nouvelle réforme de l’Etat. J’ai toujours considéré la N-VA comme une formation démocratique, mais aux volontés communautaires. Si certains, en Flandre veulent démonter l’Etat, c’est parce que l’on y croit qu’il est impossible de mener au fédéral des réformes importantes. Nous allons tenter de démontrer le contraire".
Didier Reynders sera vice-premier Ministre mais, pour le casting, il faudra attendre un peu. Le roi va d'abord reprendre la main. Olivier Chastel pourrait momentanément devenir président du MR ad interim avant la désignation d’un nouveau président élu par un congrès de parti.
Jean-Claude Verset