On n'est pas des pigeons

D'après une étude américaine, la viande rouge ne serait pas si mauvaise pour notre santé

La viande rouge, pas si mauvaise pour la santé ?

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Selon une étude publiée par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), une institution dite " indépendante " de l’Université de Médecine de Washington, la viande rouge non-transformée ne serait pas si mauvaise que ça pour la santé.

© Getty Images

Cette étude de l’IHME date d’octobre 2022 et tombe en plein dans le débat actuel : que faire pour diminuer l’impact environnemental de notre consommation ? Aux pigeons, avant de prendre une étude au sérieux, on regarde qui la finance.

Les liens entre l’IHME et Bill Gates

Cette institution est financée par la fondation caritative de Bill et Melinda Gates (le créateur de Windows et son ex-épouse). Cette fondation est une des plus importantes fondations philanthropiques dans le monde. Elle est active dans les secteurs de la santé et de l’aide aux populations les plus pauvres via la vaccination ou le don de semis aux agriculteurs d’Afrique et d’Inde. Elle aurait déjà investi 50 milliards de dollars depuis les années 2000, est financée par les actions Microsoft parmi d’autres (Caterpillar, Walmart,…) et par une poignée de centaines d’ultra-riches.

La BGMF est notamment décriée, car elle prône les cultures d’OGM et investit parallèlement dans des entreprises de boissons sucrées, pétrolières et d’armement qui vont à contre-courant de leurs principes de base : éradiquer la pauvreté et élever le niveau de santé mondial.

Ce qui nous intéresse particulièrement ici, c’est que cette fondation contribue très largement au financement de l’Organisation Mondiale de la Santé. L’OMS étant la boussole des décisions politiques en matière de santé dans le monde.

Ce que l’OMS dit au sujet de la viande rouge en général

Consommer de la viande transformée (charcuterie, hachés) est associée à une légère augmentation du risque de cancer. Chaque portion journalière de 50g augmente de 18% le risque d’un cancer colorectal. MAIS le risque de cancer colorectal associé à la consommation de viande rouge non-transformée (votre steak, par exemple) est plus difficile à prouver. Et si c’était le cas, on partirait dune supposition que chaque portion de 100g de viande rouge par jour augmenterait de 17% le risque de cancer colorectal.

Ce que l’étude de l’IHME dit au sujet des études liant la viande rouge non-transformée au risque de cancer

C’est une étude qui donne une note de confiance aux résultats trouvés jusqu’ici sur le lien de causalité entre viande rouge et maladies cardio-vasculaires ou cancers.

Il en ressort que les preuves trouvées entre la consommation de viande rouge non-transformée et le risque de cancer colorectal, le cancer du sein, le diabète de type 2 et la cardiopathie ischémique sont trop faibles scientifiquement et statistiquement. Ces preuves seraient quasi nulles quand il s’agit de lier les risques d’accidents cardiovasculaires et la consommation de viande rouge non-transformée.

L’étude va même plus loin en affirmant que les preuves associant la viande rouge transformée et un risque élevé de mortalité résultant des maladies précédemment citées existent, mais sont encore trop faibles pour recommander un régime particulier à ce sujet.

Si les preuves sont trop faibles, c’est dû à la nature des études

Les études épidémiologiques mises en cause sont de nature observationelle. Elles consistent à observer une population à un instant-T et de constater son état de santé, par exemple, 20 ans plus tard. Difficile d’affirmer sans équivoque, dans ses cas-là, que laugmentation du nombre de cancers dans une population est due à un seul et unique facteur : la viande rouge. Nous vulgarisons ici bien sûr le procédé de ces études. Pourtant ce que l’IHME affirme, ici, c’est que ce type d’étude dite observationelle ne propose pas de liens suffisamment significatifs entre consommation de viande rouge et risque de cancer par exemple.

Pour mieux faire, des études de nature prospective permettraient de mettre directement en cause la consommation de viande rouge et l’augmentation du risque de maladies cancérigènes ou cardio-vasculaires. Cependant, faire manger à plusieurs personnes des quantités différentes de viande rouge (transformée et non-transformée) tous les jours, afin de voir qui a le plus de chances de développer une maladie cardio-vasculaire ou un cancer colorectal, est éthiquement impossible.

On pourrait s’en remettre à une expérimentation animale de ce type, mais encore une fois, cette pratique est éthiquement controversée et les résultats ne seraient pas généralisables, car un biais scientifique de différence humains/animaux existe.

Ce que nos experts maison disent (diététicien.ne et médecin)

Face à ces résultats, voici ce que les experts contactés nous donnent comme indications générales :

  • Manger trop de viande : NON

L’excès nuit en tout et un régime varié est toujours préconisé en fonction évidemment du métabolisme et des intolérances de chacun.

  • Arrêter de manger de la viande : NON

La viande contient des vitamines et des nutriments nécessaires et bons pour l’organisme. Cependant, si vous choisissez un régime non-carné ou vegan, il existe d’excellents moyens de parer le manque de vitamine B-12 (ou d’autres nutriments) via des suppléments de synthèse.

  • Diminuer la consommation de viande et varier les aliments : OUI et RE-OUI

Encore une fois, consommer 30 aliments différents par semaine garantit une diminution du risque de contracter des maux cardio-vasculaires ou autres. De plus, l’impact des élevages intensifs danimaux (peu soucieux de leur santé ou de celui de la planète) reste non-négligeable.

  • Attention au mode de cuisson de la viande : OUI

Cuite à de très hautes températures (grill, barbecue…), la viande rouge libère des molécules potentiellement cancérigènes pour l’être humain (comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, par exemple). Cependant, l’OMS annonce ne pas posséder suffisamment de données pour appuyer scientifiquement le lien entre cancer et viande cuite à haute température.

  • Attention à la qualité de la viande : OUI

On le dit et on le redit dans les chroniques de nos émissions, privilégiez votre éleveur local par rapport à un steak à 3-4 le kg.

  • Diminuer consommation de viande est mieux pour la planète : OUI

Il ne s’agit pas de dénigrer nos agriculteurs ou éleveurs, loin de là, mais de valoriser les élevages respectueux de l’environnement et des animaux.

En conclusion

Une étude comme celle de l’IHME n’annule en rien les précautions nutritionnelles prévues par vos médecins ou les conclusions du rapport du GIEC quand à votre consommation de viande rouge. Cette étude permet juste de dire que davantage de données et d’études sont nécessaires pour généraliser des recommandations diététiques plus précises au sujet de la viande rouge transformée et non-transformée.

Retrouvez "On n’est pas des pigeons" sur la Une, du lundi au vendredi à 18h30 et en replay sur Auvio.

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