Interrogée dans le cadre de la série de PODCAST "Déclic – Le Tournant", la sociologue Isabelle Ferreras revient sur l’enjeu de la croissance et des limites de notre vie sur terre. Pour elle, il est urgent de développer d’autres indicateurs que ceux de la croissance économique, elle évoque notamment la notion de prospérité.
Isabelle Ferreras, professeure et chercheuse à l’UCLouvain, n’y va pas par quatre chemins. Pour elle, "Le grand enjeu auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est celui des limites de la vie humaine et de la vie tout court". Pour la sociologue du travail "le marché, en tant que mécanisme qui excite les besoins des consommateurs – via la publicité qui crée des besoins chez les individus – nous a construit une société de consommation qui se base sur l’idée que nos désirs sont infinis."
Mais, ajoute Isabelle Ferreras "C’est aussi la sagesse de nos sociétés humaines, de développer une compréhension des limites. Nous savons que notre vie est finie… et le fou est celui qui pense que sa vie n’aura pas de fin. Or, aujourd’hui, nous vivons collectivement sous l’emprise de cette folie."
Celle qui est aussi présidente de l’Académie royale de Belgique revient d’ailleurs sur le rapport Meadows, publié il y a tout juste 50 ans, en 1972 et qui estimait que les ressources naturelles de la planète ne seraient pas suffisantes pour continuer d’assurer une croissance exponentielle au-delà du 21e siècle. Pour Isabelle Ferreras, "Il nous faut maintenant nous confronter à l’idée que la vie a une fin et donc la croissance aussi !".