Le 8/9

Critiques sur la CAN : "On est dans l’irrespect total" déplore Eby Brouzakis

Par François Saint-Amand via

La 33e Coupe d’Afrique des Nations se joue en janvier et février 2022 au Cameroun. L’organisation de la compétition est décriée en Europe. Un avis partagé qu’à moitié par Eby Brouzakis, qui lance son coup de gueule sur les stéréotypes balancés par certains.

C’est le tournoi qu’attend tout le continent africain : la CAN a débuté depuis le 9 janvier au Cameroun.

Après 8 jours de compétition, les critiques pleuvent, notamment sur l’organisation : une fin de match surréaliste avec un arbitre qui arrête et reprend deux fois le match avant la fin du temps réglementaire, des stades vides, du favoritisme dans les heures de match pour l’hôte de la compétition, un autre hymne diffusé à la place de celui de la Mauritanie

Pour beaucoup de fans et d’observateurs, cette succession de bourdes désigne cette CAN comme l’une des pires de l’Histoire. Cependant, ces remarques manquent de mise en contexte. Si Eby Brouzakis comprend que la Coupe d’Afrique des Nations souffre à raison de certaines critiques, il fustige "les stéréotypes et les caricatures, parce que ce n’est jamais bon".

Des clubs européens qui manquent de respect au football africain

Ces critiques ont été formulées avant même le début du tournoi.

La CAN, c’est l’équivalent en Afrique de l’Euro sur le vieux continent, c’est dire toute l’importance qu’elle revêt pour les joueurs africains. Et pourtant, des clubs européens ont mis la pression sur leurs joueurs africains pour les empêcher de rejoindre leur sélection. Une aberration pour le journaliste sportif de la RTBF : "Le simple fait qu’ils posent la question à un footballeur de savoir s’il préfère aller jouer la Coupe d’Afrique des Nations ou s’il préfère rester en club, je trouve que déjà là, on est dans l’irrespect total".

Les propos de Jürgen Klopp, le coach de Liverpool, avaient notamment fait bondir les fans africains de football. Il avait qualifié cette compétition d’un "petit tournoi", avant de nuancer son avis polémique.

Date et climat difficiles

Eby Brouzakis nuance aussi ses propos, constatant en effet quelques ratés dans cette 33e CAN, mais il remet ceux-ci dans leur contexte.

Tout d’abord la date : déjà décalée d’un an à cause de la pandémie de covid-19, elle "n’est pas optimale" déplore le chroniqueur sportif du 8/9. La compétition se déroule pendant que les cinq grands championnats européens, qui comptent un grand contingent d’internationaux africains, se poursuivent. Le FC Liverpool justement doit poursuivre ses matchs sans ses deux pions majeurs en attaque, le Sénégalais Sadio Mané et l’Égyptien Mohamed Salah.

On connaît ensuite l’histoire de l’arbitre zambien qui siffle trop tôt la fin du match entre le Mali et la Tunisie. Il aurait été victime d’une insolation qui l’aurait déboussolé lors de la rencontre. Inutile de rappeler les températures parfois extrêmement chaudes en Afrique.

Tunisie – Malie, CAN 2021
Tunisie – Malie, CAN 2021 © Anadolu Agency / Getty Images

Stades vides et couacs pour les hymnes

La question des stades vides interpelle en Europe. Mais cette situation s’explique déjà par le prix exorbitant des places. Elles coûtent l’équivalent de 6€ à 31€ la place, alors que le montant habituel pour assister à un match de football professionnel en Afrique s’élève à 1€. Or, le salaire moyen au Cameroun atteint les… 193 dollars soit 170€ par mois. "On peut comprendre pourquoi les stades sont vides" signale donc Eby. Cette absence dans les stades est également sanitaire : seulement 2,56% des Camerounais sont vaccinés et comme les normes covid sont aussi imposées dans les stades africains, impossible de ramener beaucoup de supporters.

Autre élément pointé du doigt, l’histoire de la Mauritanie qui n’a pas eu droit à son hymne national est certes impardonnable mais ce problème n’arrive pas qu’en Afrique. Il y a deux ans, lors de France-Albanie, c’est l’hymne d’Andorre qui avait été diffusé à la place de celui des visiteurs. L’erreur est humaine et elle peut donc arriver des deux côtés du globe.

Les mauvaises langues devraient aussi se souvenir des énormes erreurs lors du tirage au sort des 8e de finale de la Ligue des Champions en décembre 2021. Celui-ci a même dû être recommencé.

© Daniel Beloumou Olomo / AFP

Du racisme primaire

En résumé, Eby Brouzakis aimerait davantage de nuance de la part des observateurs et fans du ballon rond.

"Dans l’organisation, il y a de la nonchalance et des gens rigoureux un peu partout. L’erreur est humaine, je n’ai aucun souci avec cela. Ce qui me gêne c’est la caricature : l’Africain nonchalant. l’Européen rigoureux. On ne rend service à personne" assure-t-il. En Belgique, la critique semble même facile. Dernier exemple, l’arrivée du Néerlandais Alfred Schreuder. Le coach est déjà qualifié d’arrogant par certains alors qu’il vient à peine de devenir T1 du Club de Bruges. Bref, arrêtons les clichés :

La caricature c’est du racisme primaire tout simplement.

"Je ne dis pas que tous ceux qui donnent vie à ces stéréotypes sont des gros racistes, mais je dis qu’agir de la sorte, c’est faire le lit du racisme, sans que parfois on ne s’en rende compte" précise le journaliste.

Et quoi de mieux que de poursuivre cette 33e CAN avec des matchs intenses et à rebondissements comme le proposent déjà les sélections africaines, pour faire taire une fois pour toutes leurs détracteurs ?

© NurPhoto / Getty Images

Pour plus d’analyses et de résumés sur le sport, suivez Le regard Sport d’Eby Brouzakis, tous les lundis dans Le 8/9 sur VivaCité et sur La Une.

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