Le Cristal Park s’approche-t-il dangereusement de l’implosion finale ? Son ex-manager Pierre Grivegnée est en prison préventive pour abus de biens sociaux. Voilà pour le volet pénal. Mais une autre branche de la justice s’occupe du Cristal Park : le tribunal de l’entreprise. Depuis le 28 juillet dernier, cinq sociétés au centre du projet sont en réorganisation judiciaire. Comprenez qu’elles sont très endettées, mais qu’elles ont obtenu un délai pour découvrir la potion magique qui les sauvera de la faillite.
Un mic-mac de dettes et de sociétés
Ces cinq sociétés sont : Speci, Valinvest, Immoval (les trois principales), plus l’asbl Cristal Discovery et l’immobilière Deprez. Les trois premières sont des sociétés-gigognes : Speci est actionnaire majoritaire de Valinvest et Valinvest actionnaire majoritaire d’Immoval. Immoval doit réaliser le Cristal Park. Jusqu’à sa démission en mars, Pierre Grivegnée a dirigé ces trois sociétés. Il est associé dans Speci à Guido Eckelmans (35% Grivegnée – 65% Eckelmans). Cristal Discovery gère le château et le musée, l’Immobilière Deprez est une filiale immobilière d’Immoval. Un bel embrouillamini pourtant ici très simplifié.
Cet enchevêtrement de dettes et de sociétés est caractéristique du dossier, un peu à l’image de la vieille usine du Val Saint-Lambert, bâtie par à-coups à plusieurs époques, selon des méthodes de construction diverses et pour différentes utilisations. Il en reste des vestiges, là partiellement (mais joliment) rénovés, ici démolis et plus loin ruinés ou restés en l’état depuis plusieurs dizaines d’années. Au Val Saint-Lambert, malgré les quarante millions d’argent public mobilisés, le Cristal Park n’existe toujours pas et les sociétés chargées de le mener à bien perdent trop d’argent.
Combien d’argent ? A elles deux, Immoval et Valinvest doivent 27 millions d’euros à leurs créanciers ! Elles doivent montrer ce 25 octobre un plan de redressement à ces créanciers – et les convaincre. Le 15 novembre, ils voteront pour ou contre ces plans, chacun d’eux avec cette question en tête : "si ces sociétés tombent en faillite, est-ce que je récupère ou non l’argent qu’elles me doivent ?"
Dans cette hypothèse, sachant que Speci, Valinvest et Immoval sont la colonne vertébrale du projet, le Cristal Park pourra-t-il un jour sortir de terre ? "Des candidats repreneurs à vil prix ont tout ça à l’œil et pourraient se manifester quand les circonstances leur deviendront favorables" nous glisse une source très proche du dossier.
Une liste des créanciers
En attendant, il faut faire les comptes et ces comptes montrent beaucoup de rouge : Valinvest doit 14,3 millions d’euros et Immoval 12,4 millions. Qui doit quoi à qui ? Qui risque de ne pas récupérer son argent ? Le Vif et la RTBF se sont procuré la liste des créanciers de Valinvest et d’Immoval.