Crelan reprend AXA Banque Belgique: "Il y aura inéluctablement une rationalisation du réseau d'agences et du personnel"

Crelan reprend AXA Banque Belgique

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Par RTBF avec Agences

Axa a confirmé vendredi avoir conclu un accord, pour un montant de 620 millions d’euros, afin de céder ses activités bancaires en Belgique, Axa Banque Belgique, à Crelan Banque, annoncent les deux parties concernées par voie de communiqué. L’acquisition donnera lieu, à terme, à une fusion dans laquelle toutes les activités seront exercées sous le logo de Crelan, note cette dernière.

Avec l’arrivée d’Axa Banque Belgique, le Groupe Crelan doublera de taille, a-t-il précisé. "Ainsi, le groupe gérera plus de 37 milliards euros de dépôts et plus de 38 milliards euros de crédits. Elle offrira des services financiers à plus de 1,7 million de clients. Crelan deviendra dès lors la 5e banque en Belgique." Axa cède ainsi 100% de sa filiale belge pour un montant total de 620 millions d’euros, comprenant un montant de 540 millions d’euros en numéraire, et le transfert de 100% de Crelan Insurance (valorisée à 80 millions d’euros) – qui vend principalement des assurances solde restant dû liées aux crédits logement et aux prêts à tempérament -, à Axa Belgique.

Par ailleurs, Axa et Crelan ont conclu un accord de distribution de long terme en assurance dommages et prévoyance (assurance relative à des prêts immobiliers, prêts à la consommation et prêts aux entreprises). "Nous sommes convaincus qu’Axa Banque Belgique bénéficiera fortement de son rapprochement avec Crelan, s’appuyant sur des économies d’échelle et sur leurs offres de produits respectives", a commenté Thomas Buberl, directeur général d’Axa. Le communiqué stipule d’ailleurs que la transaction devrait avoir un impact positif sur le ratio de solvabilité II du Groupe Axa d’environ quatre points et générer un élément négatif non-récurrent affectant le résultat net à hauteur de 0,6 milliard d’euros dans le compte de résultat consolidé du Groupe pour l’année 2019. Le résultat opérationnel généré par Axa Banque Belgique, qui compte 860.000 clients, s’est établi à 47 millions d’euros en 2018. Fin de l’année dernière, la société comptait 790 employés et 550 agences bancaires en Belgique.

En outre, Axa prendra une participation minoritaire de 9,9% dans Crelan et Axa Banque Belgique, pour un investissement total de 90 millions d’euros. La banque Crelan compte, elle, 920.000 clients pour 580 agences dans tout le pays. Le Groupe Crelan, quant à lui, composé de Crelan et de ses filiales (Crelan Insurance et Europabank), affiche 2.859 collaborateurs, pour 633 agences. La finalisation de la transaction devrait avoir lieu au cours du deuxième trimestre 2020. "Tout au long de ce processus d’intégration, des consultations structurelles seront organisées avec les partenaires sociaux et les représentants des agents bancaires indépendants afin de garantir un déroulement aussi harmonieux que possible de la fusion", ajoute encore Crelan.

Pourquoi Crelan décide de racheter Axa banque ?

Pour notre spécialiste de l’actualité économique, Simon Bourgeois, ce rachat est assez logique. "Crelan est dans une phase de croissance pour le moment. Ils ont racheté plusieurs petites banques ces dernières années. De l’autre côté, Axa est un gros groupe français d’assurance. Ils avaient cette petite branche banque, mais ils voulaient s’en débarrasser. Et donc, ils revendent. Et d’ailleurs, dans le deal, Crelan, en retour, cède sa branche assurance à Axa. Si vous voulez, ils s’échangent leurs activités banque et assurance. Cela permet à chacun de se concentrer sur son métier. Crelan grossit comme banque et peut faire des économies d’échelle. Et Axa se reconcentre sur l’assurance et se débarrasse de sa banque."

Cette fusion ne se fera pas sans perdre d’emplois, car "ensemble, les deux banques ont plus de 1000 agences, et les deux réseaux qui fusionnent aujourd’hui ne sont pas du tout complémentaires. Il y aura beaucoup de doublons dans les villes, dans des régions. On a donc du mal à imaginer que Crelan qui double de taille aujourd’hui conserve toutes ces agences. Ce sont presque toutes des agences indépendantes, en plus. Il y aura sans doute des fusions, mais des licenciements ne sont pas à l'ordre du jour nous dit la direction. La nouvelle entité se donne plusieurs mois, elle parle de deux ans, pour y voir clair dans ses nouveaux effectifs", précise notre spécialiste de l’information économique.

Répercussion sur l'emploi ?

Une "rationalisation" du réseau d'agences et du personnel interviendra "inéluctablement demain ou après-demain", a reconnu vendredi du bout des lèvres le CEO de Crelan Philippe Voisin, lors d'une conférence de presse relative à la reprise des activités bancaires d'Axa. "Un ne fera pas deux, mais nous suivrons notre propre stratégie, en toute transparence", a-t-il ajouté.

"Axa était vendeur, nous étions en quête d'un partenariat en non-vie. Il s'agit d'une opportunité unique pour Crelan", s'enthousiasme le dirigeant de la banque coopérative, qui évoque un "changement de dimension nécessaire" dans le contexte du secteur.

M. Voisin a dit sa "fierté d'avoir une banque 100% belge, avec une chaîne de commandement courte". Il estime que cette opération intervient entre deux entreprises "complémentaires, miroir" sur base de chiffres qui se voient désormais multipliés par deux.

Outre le volet bancaire, la transaction prévoit le transfert dans l'autre sens de Crelan Insurance (spécialisée dans les assurances solde restant dû). Les deux entités ont aussi conclu un accord de distribution de long terme en assurance dommages et prévoyance.

"On renforce notre position dominante d'assureur non-vie, tout en élargissant notre gamme et notre part de marché", se réjouit de son côté Jef Van In, CEO d'Axa.

La nouvelle entité représentera quelque 1.150 agences. M. Voisin n'a donné aucune indication sur les conséquences de l'opération pour ces points de vente, ni pour le personnel concerné. "Il y aura inéluctablement une rationalisation responsable et mesurée, demain ou après-demain (...) Cependant, nous avons cet ADN coopératif. En sept ans, nous avons réduit nos agences de 37% - un chiffre comparable au reste du secteur - mais nous n'avons pas fait la Une des journaux parce qu'on agit par le dialogue, en toute transparence, et pas avec une formule arithmétique."

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