Geert Molenberghs, Biostatisticien à la KULeuven, estime que c’est prématuré : " La pression est forte sur les hospitalisations, 3694 patients sont à l’hôpital et 357 le sont en soins intensifs. Et les admissions continuent à augmenter. Le nombre de contaminations est énorme. Ce qui bloque en partie la société, les entreprises, les écoles avec un taux d’absentéisme important. Qu’un pays comme le Danemark dont les cas sont plus nombreux que chez nous et qui est d’ailleurs le leader en Europe du nombre de cas par 100.000 habitants lâche les gestes barrière me paraît tout simplement incroyable."
Steven Van Gucht, Virologue et porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid tempère : "L’assouplissement, c’est une question de semaines. Très vite, nous allons assouplir les mesures, mais de manière graduelle. Si on relâche les mesures d’un coup, on peut s’attendre à une augmentation des cas, ce qui pourrait impacter la continuité de nos entreprises mais aussi ouvrir la porte aux autres virus respiratoires, à la grippe. Le pic devrait être atteint dans une à deux semaines. Nous voyons les premiers signes d’un ralentissement mais il vaut mieux rester prudent et relâcher progressivement les mesures comme cela a été défini dans le baromètre. Certains pays relâchent leurs mesures mais je pense que ce sont des décisions politiques." Propos tenus également par Yves Coppieters, notre troisième expert.
Yves Coppieters, Professeur de Santé publique à l’ULB : "Au Danemark, ils ont passé le pic, ils sont sur une courbe descendante pour les hospitalisations en avance de 15 jours, 3 semaines sur nous. Au Royaume-Uni, c’est un autre pari, les hospitalisations ne sont pas encore en phase descendante, les autorités tablent sur un passage du pic dans les prochains jours et anticipent les mesures. Dans ces pays on privilégie le besoin de relâchement parce que le ras-le-bol s’installe dans la population et l’adhésion aux mesures se perd. Chez nous, on privilégie fortement l’aspect sanitaire, le baromètre se base sur des indicateurs médicaux. Ce sont ces indicateurs qui ont guidé les décisions politiques depuis deux ans. Contrairement à d’autres qui ont décidé de sortir de ces seuls indicateurs comme outil d’aide à la décision et de s’intéresser à la santé psychosociale mais aussi à des pressions politiques, soyons réalistes."