Santé & Bien-être

Covid-19 en Chine : qu’en est-il des répercussions, des stratégies et de notre défense immunitaire ?

Cette photo prise le 15 décembre 2022 montre un agent de santé prélevant un échantillon par écouvillonnage sur une femme afin de la soumettre à un test de dépistage du coronavirus Covid-19 dans une clinique de la fièvre à Fuyang, dans la province chinoise

© AFP

Après trois années de politique "zéro Covid", la Chine a décidé le 7 décembre dernier d’alléger de nombreuses mesures sanitaires. Depuis, c’est un véritable tsunami de contaminations qui déferle à une vitesse phénoménale sur tout le territoire chinois. De nombreux états s’inquiètent des risques encourus à la suite de l’abandon brutal des restrictions. Doit-on d’ores et déjà craindre des répercussions au-delà des frontières chinoises ?

Abandon des autoritaires mesures sanitaires

Suppression des dépistages massifs, fin des longues quarantaines à l’arrivée sur le territoire chinois dès le 8 janvier prochain, des mesures d’isolement assouplies, levée de l’obligation de présenter un passe sanitaire, etc. La République Populaire de Chine met fin à son confinement alors qu’elle connaît une vague de contaminations de grande ampleur. Le régime de Pékin a même annoncé qu’il ne publierait plus ses statistiques très controversées, tant elles ne reflétaient pas la réalité. Mais ce virage à 180 degrés de la politique chinoise a pour conséquences des hôpitaux et des crématoriums submergés, et une pénurie de médicaments.

Nous considérons actuellement que la situation en Chine ne menace pas notre pays

Face à cette vertigineuse propagation du coronavirus, certains pays s’interrogent quant aux possibles répercussions sur leur territoire. Le Japon, l’Inde et l’Italie vont imposer un test obligatoire pour tout voyageur provenant de Chine. Les Etats-Unis envisagent également cette précaution. En Belgique, le cabinet du ministère de la Santé Publique ne s’inquiète pas outre mesure pour le moment : "Étant donné que nous disposons d’un bon niveau de protection par la vaccination (combinée ou non à une infection antérieure) et qu’il n’y a actuellement aucune preuve de l’existence d’une nouvelle variante, nous considérons actuellement que la situation en Chine ne menace pas notre pays". De son côté, le ministère des Affaires étrangères déconseille de se rendre en Chine par mesure de précaution.

On est collectivement beaucoup mieux armé qu’auparavant

Sans être trop catégorique, l’épidémiologiste Marius Gilbert considère que le risque de répercussions épidémiques n’est pas à ce stade-ci alarmant grâce au socle d’immunité que la Belgique s’est construit : " Si on regarde la courbe de décès des hospitalisations en Belgique, on voit qu’à chaque fois qu’il y a eu des nouveaux variants qui sont arrivés chez nous, on a eu parfois des petits sursauts d’infections qui sont d’amplitude de plus en plus faibles. On le doit à cette immunité acquise par notre couverture de vaccinale. Mais aussi par les vagues d’infections qui font que, collectivement, on est beaucoup mieux armés par rapport aux nouvelles vagues qui arrivent même lorsqu’on a des variants qui émergent. Ce n’est plus un problème aussi important que ce qu’on a pu connaître dans le passé, et qui justifie des mesures exceptionnelles en termes de prévention. Maintenant, cela ne veut pas dire que c’est sans danger car cela reste une infection problématique. Mais on est collectivement beaucoup mieux armé qu’auparavant. "

Certaines sources estiment qu’environ 250 millions de citoyens chinois ont été contaminés par le Covid-19 en une vingtaine de jours, soit depuis la levée des restrictions sanitaires par les autorités. La probabilité que de nouveaux variants émergent reste donc importante selon l’épidémiologiste.

Une surveillance génétique des virus

Face à la censure des informations quant à cette vague de contaminations, Marius Gilbert évoque une stratégie de surveillance que la Belgique pourrait mettre en œuvre pour prévenir d’un variant bien plus virulent : "Ce qui pourrait avoir un impact majeur pour nous, c’est effectivement que cette vague d’infections se traduise par des nouveaux variants et de nouvelles souches qui seraient radicalement différents et dangereux. Actuellement, cette surveillance repose sur les autorités chinoises pour partager cette information. Mais une mesure qui pourrait être intéressante est de procéder par échantillonnage chez des personnes qui reviennent de Chine. Une espèce de surveillance génétique mais de l’extérieur."

L’épidémiologiste précise : "Étant donné la vague d’infections, on pourrait avoir une approche un peu plus ciblée. Il y a tout un système de surveillance de variants qui est mis en place où on séquence les virus chez des personnes qui présentent une infection. Chez les voyageurs, cela a tout son sens parce que cela nous permet d’avoir une espèce de mesure indirecte de variants qui circulent là-bas. Concrètement, on compare cette séquence de ce virus (chinois) à d’autres virus qui circulent chez nous pour voir quelle est la distance génétique."

Alors que la Chine se mure dans un silence quant aux données liées à la vague épidémique qui frappe sa population, la communauté internationale s’inquiète des possibles répercussions. Alors que certains états ont mis en place des mesures sanitaires à leur frontière, d’autres considèrent que le socle d’immunité acquis ces dernières années constitue actuellement un solide rempart collectif contre de nouveaux variants.

Extrait du JT du 28/12/22

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