"Ce 16 novembre 2021, 2648 patients Covid sont dans les hôpitaux belges, dont 533 en soins intensifs. Les modèles de prévision suggèrent que cette tendance à la hausse se poursuivra". Ainsi commence la lettre du Comité Hospital & Transport Surge Capacity, chargé de la répartition des places dans les hôpitaux lors de la pandémie, et adressée à tous les responsables d’établissements du pays.
Passage à la "phase 1B"
Le Comité demande à tous les hôpitaux généraux et universitaires de passer progressivement, d’ici le vendredi 19/11, à la phase 1B : les services de soins intensifs doivent réserver 50% des lits aux patients Covid. A l’heure actuelle, 5 hôpitaux sont déjà passés au-dessus des 50% d’occupation intensive en raison de la 4e vague, et 29 hôpitaux sont passés au-dessus des 33%.
Report des soins réguliers non urgents
"Toutes les consultations, examens et interventions urgentes nécessaires doivent se poursuivre", explique le courrier, tout comme les thérapies nécessaires en cours (chimiothérapie, dialyse…) ou la réadaptation nécessaire. Cependant, le passage des hôpitaux à la phase 1B "aura un impact sérieux sur tous les soins réguliers non urgents".
Pour les patients, cela signifie, d’après le Comité, que "les activités non urgentes utilisant la capacité des lits de soins intensifs et les activités utilisant la capacité des lits des autres unités doivent être reportées".
136 lits sur 2000 fermés
Durant la 1re vague, 1000 lits de soins intensifs supplémentaires avaient pu être créés, portant à 3000 le nombre de lits d'unités intensives réservés au Covid-19. Par ailleurs, les autres soins avaient été mis à l’arrêt.
Durant la 2e vague, on était montés à 2500-2600 lits de soins intensifs ; durant la 3e, à 2250. Cette fois, c’est le mouvement inverse : il faut fermer des lits dans ces unités, car le personnel infirmier et médical est à bout, malade, ou en quarantaine.
On ignore le taux exact d’absentéisme, mais un bon indicateur, comme l’explique Marcel Van der Auwera, chef de département aide médicale urgente au SPF Santé publique, est qu’aujourd’hui, 136 lits de soins intensifs sur les 2000 disponibles sont fermés pour cause d’absentéisme du personnel.
Zoom sur Liège
Au CHR de la Citadelle, à Liège, par exemple, 65 patients sont hospitalisés pour le Covid, dont 9 en soins intensifs. "En fin de week-end, nous avions comptabilisé 2 lits de soins intensifs théoriquement disponibles pour des patients Covid en province de Liège, ce qui démontre bien que nous sommes à la corde", explique le Dr Jean-Louis Pepin, directeur médical.
L’hôpital précise, suite à des théories diffusées sur les réseaux sociaux, qu’il soigne vaccinés et non-vaccinés sans distinction. "Par contre, ce que nos chiffres confirment", explique la directrice générale Sylvianne Portugaels, "c’est qu’une personne non-vaccinée a beaucoup de risque de se retrouver aux soins intensifs qu’en salle banalisée."
La dernière activation de la phase 1B remonte au 26 février 2021, où 393 patients Covid étaient en soins intensifs en Belgique. A la mi-avril, un nouveau pic de 941 patients avait été atteint (3e vague).
Certains hôpitaux étaient déjà passés en phase intermédiaire entretemps, comme l’UZ Brussel, qui réserve depuis 5 jours un tiers de ses lits de soins intensifs aux patients Covid (phase 1A +). Les hôpitaux bruxellois, eux, n’ont jamais pu redescendre sous la phase 1B.
Les différentes phases, si l’augmentation de la pression hospitalière se poursuit, sont :
- La phase 2A : les services de soins intensifs doivent réserver 60% des lits aux patients Covid (1200 places sur moins de 2000) et des lits supplémentaires sont créés (le souci étant de trouver le personnel pour les gérer) ;
- La phase 2B : au moins 2000 places de soins intensifs doivent être réservées aux patients Covid.