Le Comité d'étude sur le vieillissement a refait les comptes et il sont meilleurs qu'escomptés. Il a fait tourner les modèles du Bureau du Plan pour voir comment va évoluer la démographie mais aussi la croissance économique et les politiques sociales dans le pays pendant les 50 prochaines années.
Cela permet de mesurer la hausse des coûts du vieillissement pour les finances publiques. Françoise Masai, vice-gouverneur de la Banque nationale de Belgique et présidente du comité d'étude du vieillissement explique que "cette simulation à partir d'hypothèses pour la période 2012-2060 montre un coût du vieillissement de 5,4 % du PIB. C'est pour cela qu'on prend l'évolution de l'ensemble des dépenses sociales: non seulement les pensions, mais aussi les dépenses de soins de santé, de chômage, etc."
5,4% du PIB, ça fait plus de 20 milliards d'euros. Et c'est bien sûr l'augmentation de l'enveloppe des pensions elle-même qui représente les plus gros morceau, 4,5% du PIB a elle toute seule. Mais l'an dernier encore, on pensait que la hausse globale serait de 5,7% du PIB d'ici à 2060.
Il y a donc une amélioration de 0,3% dans les prévisions, ce n'est pas négligeable. Et c'est l'effet des réformes entreprises pour inciter les aînés à retarder leur départ à la retraite, le ministre des Pensions Alexander De Croo le souligne: "On voit que la multitude des réformes mises en oeuvre par le gouvernement commence à avoir des effets positifs sur la soutenabilité de nos pensions. L'exemple est le bonus-pension qui, grâce à la réforme, nous aide pour un montant accumulé de 2,5 milliards d'euros. Ça va nous aider si on continue, on pourra garantir à tout le monde une pension convenable".
Mais est-ce que le risque de paupérisation des personnes âgés ne s'est pas encore accru chez nous, on a souvent dit qu'il était élevé? C'est vrai que la pauvreté menace 12% des personnes âgées en Belgique, c'est beaucoup. Mais là aussi, il y a plutôt une amélioration par rapport aux dernières années, c'est en tout cas ce que dit Françoise Masai: "Le risque de pauvreté se stabilise plutôt après avoir bien baissé dans les dernières années parce qu'il y a eu des réformes, notamment la garantie de revenus pour les personnes âgées, le droit minimum à la pension".
"Et puis les femmes travaillent davantage, ont donc plus souvent leur pension personnelle. Il y a donc des améliorations", constate-t-elle aussi. "Mais on constate que la Belgique est, d'un point de vue du risque de pauvreté des personnes âgées, moins bien placée que les pays avoisinants et même que la moyenne européenne. Donc il y a quand même quelque chose à faire pour réduire le risque de pauvreté des personnes âgées".
Cette comparaison avec les pays voisins ne prend pas en compte le fait que les personnes âgées sont souvent propriétaires de leur logement en Belgique, ce qui est bien sûr une arme contre la pauvreté, elle réduit de 8% le risque. Cela n'empêche que le danger de précarisation des plus âgés est une réalité dont les gouvernements devront tenir compte dans les réformes à venir.
Françoise Gilain