Le 27 novembre 2020, peu après 19h00, Philippe Alicardo, 57 ans, est tué d’un coup de couteau sur la Place de la Perche à Jumet. Le parquet de Charleroi descend sur la scène de crime et un médecin légiste procède à l’examen externe du corps. Le docteur relève une plaie de trois centimètres de longueur à la base du cou, côté gauche. La profondeur de la trajectoire est de cinq à sept centimètres. La carotide a été touchée et une veine jugulaire a été sectionnée. Le coup mortel a été porté de gauche à droite, de haut en bas et d’avant en arrière.
Le corps gît dans une mare de sang, et des gouttes d’hémoglobine emmènent les enquêteurs jusqu’à l’entrée du sentier du Ravel, qui relie la Place de la Perche au parking du Carrefour Market. Les policiers examinent les lieux et retrouvent des mouchoirs en papier ensanglantés, dans une poubelle placée le long du sentier.
Un SDF connu à Jumet
Des témoins donnent une description de l’auteur présumé du crime. Il a une longue barbe, une longue tresse et il est bien connu à Jumet. Il s’appelle Jean-Yves Verreydt, c’est un SDF âgé de 47 ans qui a planté sa tente non loin du Ravel. Les policiers ne le retrouvent pas dans son logement de fortune. Le suspect est arrêté peu avant 21 heures devant une pharmacie de la rue Puissant.
Jean-Yves Verreydt est auditionné par la police en présence d’un avocat. Il raconte qu’il a eu une altercation durant l’après-midi avec la victime, sur le parking du Carrefour Market, et que Philippe l’a frappé au visage avec un marteau, emballé dans un sac. Il s’agissait en fait d’une bouteille vide. Il a perdu sa prothèse dentaire lors de la rixe.
Il ajoute que Philippe, accompagné d’un autre homme, est venu l’interpeller devant sa tente, un peu plus tard. Il avoue avoir utilisé un couteau pour se défendre, dit-il. "J’ai fait des gestes avec le bras de manière circulaire en faisant des mouvements de la droite vers la gauche. Je pensais l’avoir touché au niveau de l’épaule", dit-il, précisant qu’il a jeté le couteau près du Monument aux Morts.
Légitime défense ? Provocation ?
La première cause d’excuse semble peu probable en raison du critère de proportionnalité entre une éventuelle agression et la réaction. La seconde pourrait être plaidée par la défense. Toutefois, elle n’a pas été retenue par la chambre du conseil et par la chambre des mises en accusation. Si Roland, qui accompagnait Philippe, accuse Jean-Yves Verreydt de les avoir agressés, plusieurs témoins indépendants ont une version différente des faits.
Ils déclarent qu’ils ont vu et entendu deux hommes invectivant un autre homme, l’incitant à sortir de sa tente. Lui, sous influence de l’alcool (2,39 gr/l de sang), répondait qu’il voulait avoir la paix. Il est néanmoins sorti et s’est bagarré avec les deux autres sur la Place de la Perche. Certains disent aussi l’avoir entendu proférer des menaces de planter son adversaire.
Les témoins seront auditionnés par la Cour lundi, mardi et mercredi matin. Jean-Yves Verreydt est accusé d’un meurtre, de coups et blessures et du port d’une arme. Il est défendu par Me Michaël Donatangelo.