Tennis

Coupe Davis : la dernière croisade de "Cap’tain" Johan Van Herck

Johan Van Herck sur la fin prochaine de sa "mission Coupe Davis"

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

4 min

Par Christine Hanquet

Les membres de l’équipe belge de Coupe Davis s’apprêtent à jouer en Corée du Sud, ce week-end, en barrage. S’ils gagnent à Séoul, ils auront le droit de participer, comme l’année dernière, à la phase finale de l’épreuve.

> Suivez Corée du Sud – Belgique en direct vidéo sur Auvio à partir de 3h du matin.

Le capitaine belge, Johan Van Herck, a récemment annoncé son intention de quitter son poste, à la fin de cette saison. Il travaille depuis quatre ans avec les joueuses belges, et depuis douze ans avec les joueurs belges. Et il a tout connu, des déceptions, des grandes joies, et bien sûr deux finales de Coupe Davis.

Il n’a pas voulu attendre la dernière minute, avant de rendre son choix public. "J’avais déjà l’idée en tête, et j’y ai réfléchi longtemps. Comme j’ai toujours été ouvert et honnête avec tous, j’ai voulu communiquer sur le sujet dès que j’ai été sûr à 100% de ma décision. Je ressens de l’amour pour les personnes avec lesquelles je travaille. Quand je leur ai annoncé ma décision, c’était dur, et parfois émouvant".

Bien sûr, Johan Van Herck ne s’est pas mis à détester le tennis. Au contraire, il reste dans le milieu. Il abandonne simplement l’une de ses deux casquettes. "Il faut savoir qu’être capitaine en Belgique, cela vient à côté d’un job à plein temps. Et je suis tout à fait d’accord avec la Fédération, on n’a pas les moyens d’avoir un coach mi-temps ou plein-temps pour ne faire que la Coupe Davis et la Billie Jean King Cup. Mais cette activité pompe énormément d’énergie. Il faut être en contact avec les joueurs et les joueuses, les suivre et suivre leurs résultats, parler avec eux, avoir des infos. Et je ne rajeunis pas non plus. A la fin de cette année, j’aurai presque cinquante ans. Et j’ai un travail chez Patrick Mouratoglou à Nice. Je voyage beaucoup, et cela demande aussi beaucoup d’énergie".

Etre coach de tennis, c’est le plus beau métier qui existe

La Belgique de Johan Van Herck a joué deux finales de Coupe Davis

L’ancien joueur de haut niveau ne veut pas faire la saison de trop. "Le plus important, c’est le côté humain. J’ai une superbe relation avec mes joueurs et avec le staff. Ce qu’on a vécu a été enrichissant, mythique, et je veux partir sur cette note positive. Je veux être sûr que dans quelques années, partout où j’irai dans le monde du tennis, je serai content de revoir les joueurs, les joueuses, les membres de l’équipe. Et qu’ils seront aussi contents de me voir. Que ces bonnes relations et ce bon état d’esprit dureront toujours."

Les deux finales jouées par la Belgique, même si elles se sont terminées par des défaites (contre la Grande-Bretagne en 2015, et en France en 2017) ont été des moments mythiques, Johan Van Herck a trouvé le bon mot. Mais chaque rencontre a été particulière. Et riche, humainement. "Quand j’ai commencé en 2011, je n’aurais jamais pensé vivre tout cela. Il y a eu les résultats sportifs, mais pas seulement. On a pu créer une belle osmose avec les supporters, toujours là, toujours unis pour nous et avec nous. On a vu des stades pleins. On a mis en place de magnifiques relations entre le staff et les joueurs".

Ceux qui ont vécu les campagnes des équipes belges de près peuvent en témoigner : une rencontre de Coupe Davis ou de Billie Jean King Cup (de Fed Cup, auparavant), c’est une semaine de préparation et un week-end de matches. Mais aussi, pour Johan Van Herck, quelques jours de plus, pour récupérer sa voix et réapprendre à bien dormir. "Si on veut faire du bon travail, cela réclame une énorme dépense d’énergie. Mais honnêtement, être coach de tennis, c’est pour moi le plus beau métier qui existe. Je n’ai aucun regret, j’ai tout donné. J’ai adoré chaque seconde de cette vie. Et j’espère de bons résultats en 2023. Je vais encore essayer d’en profiter."

Parce que le capitaine de ce bateau belge ne s’en ira pas tout de suite, il faut le rappeler. Il est à Séoul, avec l’équipe belge. Il sera encore là pour la rencontre suivante, et pour les matches féminins. Ce n’est qu’à la fin de l’année qu’il quittera ses fonctions. En attendant, Zizou Bergs et tous les joueurs de l’équipe joueront un peu pour lui, à Séoul. "On veut évidemment toujours s’imposer. Mais cette fois, on veut gagner avec Johan, et pour Johan. On est très motivés, et on a confiance."

Pour David Goffin, cette année sera particulière, parce qu’il a tout vécu avec Johan Van Herck, sous le maillot rouge. "Je lui rappelle souvent qu’on a commencé exactement ensemble. J’ai eu ma première sélection officielle avec lui. La seule fois où il ne m’avait pas sélectionné, c’était juste après cette première fois, quand la Belgique a joué contre l’Autriche. Je lui dis souvent, en forme de boutade, que je lui en veux encore. Il m’a toujours sélectionné depuis lors. Je n’ai donc connu la Coupe Davis qu’avec lui. Il y a eu des moments difficiles, des remontées, les deux finales. On a vécu de grands matches avec lui. Cela va être bizarre de passer à autre chose, mais je pense qu’à un moment, il le faut. Il a pris sa décision. Mais ce sera un gros changement pour moi".

Pour le leader de l’équipe belge, "Cap’tain Johan a bien mené sa barque. "Il a toujours bien géré, toujours bien préparé ses joueurs. Il était bienveillant pour nous et bien organisé. Tout était facile, en fait. Rendre faciles la Coupe Davis, les semaines de Coupe Davis, et tout ce qu’il faut faire pour la Coupe Davis tout au long de l’année, c’est en réalité très difficile. Il a toujours été très positif, il nous a toujours tous encouragés. Sur le banc, je me suis vraiment bien entendu avec lui. J’espère que cela se passera encore bien cette année. C’est un chouette capitaine, et il va manquer dans l’équipe, ça c’est sûr".

Un autre capitaine embarquera avec les joueurs belges, dans quelques mois. Peut-être "Monsieur Coupe Davis", Steve Darcis, si sa candidature est retenue.