Dans l'air du temps

Couleur menthe à l’eau pour un certain crooner nommé Eddy Mitchell

French Singer and Actor Eddy Mitchell

© Getty Images

On l’a surnommé "schmoll", ses parents ont choisi Claude Moine… c’est avec l’alias Eddy Mitchell que le crooner français fait son chemin musical. Une carrière qui passe en 1980 par une certaine Couleur menthe à l’eau pour son 21e album.

Dans l'Air du temps

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Couleur menthe à l’eau est un titre niché au cœur de son 21e album solo, qui marque un tournant dans son répertoire. Nous sommes en 1980 et Mr Eddy est déjà un dinosaure du rock français depuis dix ans.

Il entame un virage majeur puisqu’il ne s’inscrit non plus comme un rebelle tout habillé de cuir intimidant mais comme un crooner suave, regard de braise, séduction James bondienne en approche, et c’est précisément dans un accoutrement semblable à 007 qu’il apparait dans le clip de Couleur menthe à l’eau… et ça commence a cappella, et avec ces paroles : "Elle était maquillée comme une star de ciné, accoudée au Juke-box".

En onze mots, Eddy Mitchell nous balaye l’entièreté des médiums de narrations qu’il va utiliser. L’image, la couleur (et pas qu’un peu), le champ lexical fantasmé du cinéma, la musique à travers le jukebox, la solitude.

L’amour du cinéma

French Actor and Singer Eddy Mitchell
French Actor and Singer Eddy Mitchell © Sygma via Getty Images – Jerome Prebois

La chanson commence sur un gros plan de cinéma. La couleur de l’iris n’est pas encore dévoilée et pourtant l’œil est déjà rentré dans le cadre. Et le dézoome se fait… Couleur menthe à l’eau, comme beaucoup de chanson d’Eddy Mitchell, c’est du cinéma pur jus, des paroles à la musique. Cet amour du cinéma américain pour Eddy Mitchell, il l’hérite de son père dès sa plus tendre enfance. Son papa l’emmenait tous les jours au cinéma. Cet amour des salles obscures, l’amène à présenter une émission consacrée aux classiques du cinéma américain, La Dernière Séance à la télévision pendant seize ans, de 1982 à 1998.

Et puis, le refrain arrive. Envolée de cordes et caisse claire pour danser le slow quand la fille aux yeux couleur menthe a l’eau en fait un peu trop. Et étonnamment le slow s’annonce comme l’évènement raté puisque Monsieur Eddy met subtilement en parallèle deux solitudes : celle de cette fille pour une caméra absente qui ne la filmera jamais et sa solitude à lui qui n’est même pas vu par sa caméra à elle… à savoir ses beaux yeux captivants.

C’est un non-slow de deux êtres qui se balancent à peine sur le seul espoir d’être vus. Le cinéma est déployé comme un monde du rêve, et c’est la réalité qui rattrapera la chanson, la jeune femme est interrompue par un homme au regard je cite "couloir trottoir". Trottoir, comme la platitude, le ramené au sol, et surtout la route de la vie banale qui se promet de continuer.

 

La naissance d’un crooner

Nous sommes à 40 secondes de la fin de la chanson, mais Eddy ne nous abandonne pas, il reste aux commandes pour nous balancer une histoire qui porte le nom d’un sirop avec sa voix texture coulis. Un tout nouveau crooner s’annonce en 1980.

Une chanson qui se terminer cuivre scintillant, musique royale du lonesome cow boy qui s’en va seul, plus que jamais seul dans un paysage orangé du coucher de soleil…

Couleur menthe à l’eau, une chanson d’Eddy Mitchell sur une musique de Pierre Papadiamandis, en 1980 sur l’album Happy Birthday c’était dans l’air du temps, ça l’est toujours.

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