La chanson commence sur un gros plan de cinéma. La couleur de l’iris n’est pas encore dévoilée et pourtant l’œil est déjà rentré dans le cadre. Et le dézoome se fait… Couleur menthe à l’eau, comme beaucoup de chanson d’Eddy Mitchell, c’est du cinéma pur jus, des paroles à la musique. Cet amour du cinéma américain pour Eddy Mitchell, il l’hérite de son père dès sa plus tendre enfance. Son papa l’emmenait tous les jours au cinéma. Cet amour des salles obscures, l’amène à présenter une émission consacrée aux classiques du cinéma américain, La Dernière Séance à la télévision pendant seize ans, de 1982 à 1998.
Et puis, le refrain arrive. Envolée de cordes et caisse claire pour danser le slow quand la fille aux yeux couleur menthe a l’eau en fait un peu trop. Et étonnamment le slow s’annonce comme l’évènement raté puisque Monsieur Eddy met subtilement en parallèle deux solitudes : celle de cette fille pour une caméra absente qui ne la filmera jamais et sa solitude à lui qui n’est même pas vu par sa caméra à elle… à savoir ses beaux yeux captivants.
C’est un non-slow de deux êtres qui se balancent à peine sur le seul espoir d’être vus. Le cinéma est déployé comme un monde du rêve, et c’est la réalité qui rattrapera la chanson, la jeune femme est interrompue par un homme au regard je cite "couloir trottoir". Trottoir, comme la platitude, le ramené au sol, et surtout la route de la vie banale qui se promet de continuer.