Belgique

Corruption présumée au Parlement européen : le président de Fight Impunity arrêté et soupçonné d'être corrompu par le Qatar

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Parmi les acteurs de l’affaire de corruption qui secoue le Parlement européen, on retrouve l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, arrêté le 9 décembre dernier par la police belge. La police a découvert chez lui 600.000 euros en espèces à son domicile privé. Les enquêteurs orientent leurs recherches vers le Qatar qui pourrait être à l’origine de cette corruption.

Membre du mouvement démocrate et progressiste italien Articolo Uno, l’homme âgé de 67 ans a occupé de hautes fonctions. Entre autres, celle de président de la sous-commission Droits de l’Homme du Parlement européen, entre janvier 2017 et juillet 2019.Et c’est dans la foulée de ce mandat qu’il a fondé l’asbl Fight Impunity en septembre de cette même année. Le siège de l’asbl a lui aussi été perquisitionné.

Lutter contre l’impunité

Sur son site web, cette asbl installée à Bruxelles affirme avoir "pour objectif de promouvoir la lutte contre l’impunité pour les violations graves des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité." Et l’association entend aborder des questions aussi sensibles que : "les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées ainsi que les besoins des groupes les plus vulnérables (par exemple, les enfants, jeunes, femmes, minorités et déplacés internes)."

Vaste, généreux et ambitieux programme qui s’est traduit jusqu’ici par l’organisation de conférences internationales dans plusieurs pays : les Droits de l’Homme au Congo, la question de la minorité Ouïghours en Chine ou la situation des populations déplacées au Yemen. L’asbl a publié aussi un rapport annuel sur "l’État de l’impunité dans le monde en 2021" à destination du Parlement européen.

Début décembre, elle coorganisait avec Le Service de Recherche du Parlement un séminaire sur l’impunité des violences commises à l’encontre des journalistes dans le monde.

De prestigieux parrainages

À première vue, une association tout à fait respectable. Encore peu connue des spécialistes des Droits de l’Homme, elle exerce une mission d’analyse et de surveillance des violations des Droits de l’homme avec des partenaires crédibles et légitimes.

Son président, Pier Antonio Panzeri a d’ailleurs convaincu des personnalités prestigieuses de parrainer son association : le Dr Mukwege Prix Nobel de la paix en 2018, l’ancien Premier ministre français Bernard Cazeneuve, Emma Bonino ex-Commissaire européen ou Federica Mogherini ancienne haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères.

Du beau monde qui doit être bien surpris et embarrassé de voir le président de Fight Impunity être lui-même arrêté et soupçonné de corruption.

Défenseur du Qatar

À l’appui de cette hypothèse, Pier Antonio Panzeri grand défenseur des Droits de l’homme, s’était pourtant fendu de propos très positifs sur la situation des travailleurs étrangers qui ont construit les stades au Qatar.

Sur le site de l'asbl, on peut lire dans un article intitulé :"Il Qatar nel nuovo quadro geopolitico del golfo", publié dans le Huffington Post, édition italienne, daté du 22 février dernier, il écrivait notamment : "Même la question dénoncée par le journal britannique "The Guardian", concernant le nombre d’ouvriers décédés lors de la construction des infrastructures qui accueilleront la Coupe du monde 2022 doit être vue à contre-jour et relativisée statistiquement, même s’il doit être clair que chaque victime au travail c’est un drame".

Une prise de position pour le moins étonnante de la part de celui qui s’est toujours prétendu grand défenseur des Droits de l‘Homme.

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