On peut probablement admettre plus de patients dans un état modéré, mais quant aux patients les plus graves…
Emmanuel Bottieau, de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, soigne en ce moment des patients atteints du coronavirus. La situation en Belgique a changé ces derniers jours, malgré un nombre de nouveaux cas mois élevé. "On collabore avec l’hôpital universitaire d’Anvers et c’est vrai que depuis un jour ou deux, on a davantage de patients qui sont admis. Donc, on peut probablement admettre plus de patients dans un état modéré, mais quant aux patients les plus graves, on peut en effet très vite être à une certaine saturation", explique Emmanuel Bottieau au sujet de la manière dont les soins intensifs des hôpitaux peuvent absorber les admissions. "Si le nombre de cas augmente, forcément le nombre de cas sévères augmente également, et donc on aura en effet besoin de davantage de lits à un moment donné."
La Belgique a pris mesures. Mardi après-midi, l’Etat fédéral, les Régions et les Communautés ont recommandé la fin des rassemblements fermés de plus de 1000 personnes, la fin des sorties scolaires… Des mesures utiles ? "On ne peut pas dire du point de vue scientifique que ça ne servirait à rien, non", avance Marius Gilbert. "Prendre des mesures plus drastiques aurait un effet plus fort, mais il serait sans doute disproportionné par rapport à la situation. L’importance est la proportionnalité des mesures par rapport à la situation. Parce qu’il faut bien se rendre compte que toutes ces mesures sont des perturbations à la vie normale de nos sociétés, donc il faut avoir une proportionnalité et il faut rester attentif et extrêmement réactif au cas où ces mesures s’avéreraient insuffisantes pour infléchir cette tendance épidémique. Je pense donc que commencer par un certain nombre de dispositifs est important, mais qu’il faut maintenir cette réactivité."
Des spots avec des personnalités connues
Sensibiliser, informer… Le personnel politique tente de rassurer la population au travers des moyens de communication traditionnels et plus récents comme les réseaux sociaux. "Toutes les écoles ont des affiches, tous les hôpitaux et toutes les maisons de repos aussi", a expliqué Maggie De Block (Open VLD), ministre fédérale de la Santé, également invitée dans ce CQFD. "Moi j’ai écrit à la VRT, mais aussi à la RTBF, et là ils ont des spots qui ont été faits par des Flamands connus, et on va aussi le faire côté francophone. Cela va arriver. J’ai demandé de le faire pour sensibiliser les gens et j’ai aussi fait un petit film pour Facebook, pour les enfants. Mais pour les gens qui sont âgés et qui ne sont pas sur les réseaux sociaux, j’ai pensé : 'Quand on est plus âgé, qu’est-ce qu’on fait' On voit la télévision."
L’économie ralentit, les bourses plongent. Mais la Belgique, l’Europe, le monde va-t-il faire face à nouvelle crise économique d’une ampleur de celle de 2008 ? L’économiste Etienne de Callataÿ ne le pense pas, pour plusieurs raisons. "Je pense que ce qu’on risque de connaître, c’est un phénomène plus violent parce qu’il y a des activités économiques qui sont interrompues, ce qu’on n’a pas eu à proprement parler en 2008. Mais en même temps, c’est un phénomène qui a toutes les chances d’être temporaire. On ne détruit pas de la capacité de production. Avec la grande crise financière, c’était instiller le mal de la méfiance et c’était l’ensemble du système sanguin qu’est le système financier qui s’est mis à ne plus tourner comme il devait. Aujourd’hui, c’est très différent. Une bonne partie de ce que nous ne consommons pas parce que nous n’allons pas au restaurant ou ailleurs, nous allons le consommer autrement ou plus tard. Mais ce n’est pas de l’argent qui va s’évanouir. Certaines entreprises, certains secteurs - le tourisme, etc. – vont certainement être affectés, mais ce n’est pas de nature à altérer la capacité productive de nos économies."