A chaque jour, son lot de statistiques, données, pourcentages… Depuis des semaines. Depuis des mois. Certes la situation est inédite et pleine d’inconnues. Mais ces chiffres nous éclairent, non ? Ils permettent d’objectiver, de mesurer – ils nous donnent une prise sur le virus… Ou pas ? Vos questions, en tout cas, sont nombreuses, depuis mars. Tellement nombreuses qu’il serait impossible de tous vous citer.
Que ce soit sur les réseaux sociaux ou à la médiation, on voit bien que vous voudriez y voir plus clair. Qu’au-delà des chiffres, vous cherchez du sens. Et que vous ne nous trouvez pas toujours très au point, nous les journalistes. Vous questionnez nos choix, vous relevez nos approximations, vous vous inquiétez de nos intentions aussi, souvent : via les chiffres que nous relevons, cherchons-nous à rassurer, ou au contraire à inquiéter ?
Alors, comment nos choix de chiffres sont-ils posés ? Lesquels donnons-nous et lesquels pas, et pourquoi ? Comment avons-nous évolué à la rédaction par rapport à ces questions ?
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On se focalise moins sur le bilan quotidien
Nombre de cas (détectés), nombre d’hospitalisations (et combien de patients aux soins intensifs), nombre de morts… Une litanie quotidienne pendant des semaines. Au début, en tout cas. Pendant le confinement, l’évolution de ces courbes concentrait l’attention : jusqu’où continueraient-elles à monter ? Les efforts consentis portaient-ils leurs fruits ? Au Journal télévisé et en radio, pas question de ne pas suivre et répercuter la conférence de presse quotidienne égrenant les derniers chiffres, assortis de commentaires sur l’évolution de l’épidémie chez nous.
Il y a un effet pervers : la banalisation due à la répétition
A un moment, c’est sans doute devenu une habitude, moins pertinente. Tout comme le principe même d’une conférence de presse systématique, dont la fréquence a d’ailleurs été réduite. "En plus il faut savoir que si on donne des chiffres de manière quotidienne, il y a un effet pervers : la banalisation due à la répétition", estime le présentateur François De Brigode. Un effet pervers pointé aussi d’ailleurs par une partie du public. "D’où l’importance de donner les chiffres à certains moments, pas régulièrement."
C’est davantage dans ce sens que travaille désormais la rédaction. "Ça fait 6 mois, on ne va pas donner le bilan tous les jours en permanence", explique Frédéric Gersdorff, adjoint éditorial du directeur de l’Information. "Au début, c’était très neuf mais aujourd’hui, on le donne si on estime que c’est nécessaire." C’était le cas ce lundi 5 octobre, où une séquence du JT a été consacrée à l’évolution des chiffres.
Revoir le reportage du JT sur l’évolution des chiffres (5 octobre 2020) :