Les femmes enceintes pourront bientôt se faire vacciner contre le Covid-19 si elles le souhaitent, leur médecin généraliste pourra en effet les inscrire sur la liste des vaccinations prioritaires à partir du mardi 4 mai. L’annonce a été faite par la porte-parole de la Task Force Vaccination, Sabine Stordeur, lors du point presse du Centre interfédéral de crise ce mardi. Elles ne seront pas les seules à accéder à la liste prioritaire puisque les agents pénitentiaires et les athlètes olympiques et paralympiques aussi.
Eviter les infections et les accouchements prématurés
Les autorités publiques suivent ainsi l’avis du Conseil supérieur de la santé qui, le 22 avril, estimait que les femmes enceintes devaient être vaccinées en priorité en raison du risque accru de contamination et d’accouchement prématuré.
L’avis de la Task Force Vaccination, qui conseille le gouvernement, allait également dans ce sens, se basant sur une étude d’incidence du SPF Santé qu’elle avait coordonnée. Cette étude ciblait les avantages et les risques de la vaccination des femmes enceintes au départ d’observations récentes aux Etats-Unis et au Royaume Uni.
Dans cette enquête, l’observation portait sur 4005 femmes enceintes avec infection ou suspicion d’infection au SARS-CoV-2. Il en ressortait que le risque d’accouchement prématuré augmentait de 60%, surtout entre la 32e et la 37e semaine de grossesse. Les admissions aux soins intensifs étaient également plus élevées, ainsi que le recours à l’oxygène… voire le nombre de césariennes pratiquées.
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Une vaccination dès le début du 6e mois de grossesse
Le Conseil supérieur de la santé a par ailleurs estimé que les vaccins à ARN Messager pouvaient être administrés, sans danger, tant aux femmes enceintes qu’aux femmes qui allaitent.
Avec la technologie de l'ARN Messager, utilisée dans les vaccins Pfizer-BioNTech ou Moderna, on n’inocule plus un agent infectieux désactivé dans l’organisme pour provoquer la création d’anticorps comme on le faisait jusque-là, mais un ARN Messager, une copie d’un plan, pour que nos cellules fabriquent elles-mêmes l’agent contre lequel elles doivent se défendre.
Sabine Stordeur, porte-parole de la Task Force Vaccination, invite d’ailleurs les femmes enceintes à se faire vacciner tôt, "dès le début du sixième mois de grossesse". Cette vaccination permettra une double protection : celle de la mère et de l’enfant puisqu’il naîtra avec les anticorps lui permettant de lutter contre le coronavirus.
Pratiquement
La vaccination aura lieu dans le centre dont dépendent ces femmes, soit potentiellement 300 vaccinations par centre de vaccination, ce qui ne devrait pas avoir d’impact sur l’avancée de la vaccination des plus de soixante-cinq ans et des personnes à risque, en cours actuellement.
Une femme enceinte désireuse de se faire vacciner pourra en faire la demande à son médecin généraliste, le seul autorisé à l’inscrire sur la liste prioritaire à partir du mardi 4 mai. Un gynécologue ou une accoucheuse ne pourra pas inscrire sa patiente. Et si une femme enceinte n’a pas de médecin généraliste attitré, elle devra en choisir un pour l’inscription sur la liste prioritaire.
Une option pour plus de sécurité
La porte-parole de la Task Force Vaccination a anticipé certaines inquiétudes en évoquant la sûreté de la vaccination pour les femmes enceintes et les futurs bébés. "Pour des raisons éthiques, a expliqué Sabine Stordeur, les femmes enceintes n’ont pas été incluses dans les essais cliniques et les données disponibles sont donc limitées. Néanmoins, aux Etats-Unis, près de 87.000 femmes ont déclaré être enceintes au moment de la vaccination et aucun problème de sécurité n’a été signalé, ni complication avec d’autres vaccins, comme celui utilisé contre le virus Ebola."
Et de conclure que la vaccination est aussi possible pendant l’allaitement et qu’elle n’a un impact ni sur la fertilité des femmes, ni sur la fertilité des hommes, ce qui est démontré in vivo aux Etats-Unis par le nombre de nouvelles grossesses chez les femmes précédemment vaccinées.