Les mesures de maintien au domicile augmentent aujourd’hui les risques de violence ou aggravent les situations où s’exercent déjà des violences conjugales et intrafamiliales. Le sentiment d’isolement des victimes est également renforcé. C’est ce que constatent les acteurs de terrain.
Aurélie Jonkers est avocate spécialisée en droit de la famille. "J’ai beaucoup de femmes battues dans mes clients". Mais depuis 10 jours, elle est plus sollicitée que jamais. "Je suis dévastée par l’accroissement du nombre d’appels de victimes" confie l'avocate au barreau de Bruxelles. "Des femmes m’appellent en me disant qu’elles ne savent pas quoi faire. Qu’elles ne peuvent pas partir, qu’elles sont bloquées. D’habitude, je reçois 1 ou 2 appels pour violences conjugales par semaine. Depuis 10 jours, je suis à 1 ou 2 appels par jour".
►►► À lire aussi: Coronavirus: le risque de violences conjugales augmente à cause du confinement
Un constat partagé par les travailleurs de la ligne d’écoute gratuite : 0800/30.030. Le numéro belge pour les violences conjugales. "Il y a une augmentation des appels, c’est un fait. Il y a des changements dans la nature des appels aussi. On a beaucoup d’appels des familles et des proches des victimes qui s’inquiètent car elles n’ont plus de contact et puis, il y a des coups de fil des victimes elles-mêmes qui ne savent plus quoi faire, qui sont très isolées. On doit gérer des états de panique et d’angoisse importante au téléphone".
La ligne d’urgence est un service anonyme d’écoute et d’accompagnement qui n’est pas habilité pour intervenir en cas de danger. Le cas échéant, les travailleurs invitent les victimes à appeler directement la police. Mais celles-ci ne trouvent pas toujours l’aide espérée selon Céline Caudron, coordinatrice nationale de l’association Vie Féminine."On a eu des échos de femmes qui s’adressent à la police parce qu’elles vivent des violences psychologiques ou sexuelles mais elles ont parfois de mauvaises réactions de la part des forces de l'ordre. Notamment une femme à qui on a répondu que tant que ce n’était pas des violences physiques, la police n’intervenait pas. Sauf qu’on sait que la majorité des violences entre partenaires sont des violences psychologiques et sexuelles et qu’avec le confinement, cela risque de s’aggraver et de passer aux violences physiques, voire au meurtre. Cela peut se passer dans un contexte de confinement qui est un contexte anxiogène et de montée des tensions. La police devrait intervenir de façon beaucoup plus proactive maintenant".