Les informations venues d’Afrique du Sud sont encore partielles et parfois contradictoires. Le variant Omicron est de plus en plus souvent détecté chez nous. Alors, que sait-on précisément ? Cette nouvelle souche de virus va-t-elle venir tout changer chez nous ? Déclic a tenté d’y voir clair.
1. De plus en plus de cas en Europe
Premier constat, ce variant Omicron est en train de se répandre un peu partout dans le monde. "Maintenant qu’on connait la souche et qu’on va la chercher spécifiquement, on va très certainement en trouver" nous prédisait l’épidémiologiste Simon Dellicour (ULB – FNRS), il y a deux semaines. Cela se confirme : il y a 85 cas suspect identifiés en Belgique dont déjà 30 cas d’Omicron avérés. "Et l’évolution est rapide" précise le virologue de la KULeuven, Emmanuel André "en Grande Bretagne la progression du nombre de cas détectés est exponentielle". Effectivement, le nombre de cas détecté est passé, là-bas, de 30 cas à 330, en 6 jours.
2. Ce variant est-il plus transmissible ?
Il est toujours difficile de répondre à cette question avec précision. La transmissibilité de ce nouveau variant est définie par 2 facteurs : sa transmissibilité intrinsèque et l’échappement immunitaire.
- La transmissibilité intrinsèque est encore difficile à établir à ce stade. Le R0, c’est-à-dire le nombre de personnes qu’un sujet infecté risque de contaminer dans une population sans immunité et sans geste barrière, n’a pas encore pu être établie. Difficile de dire pour l'heure si le taux de reproduction de base de ce variant Omicron est plus ou moins élevé que pour le variant Delta.
- L’échappement immunitaire, lui, se confirme. On savait déjà que ce variant présentait un grand nombre de mutations dans des parties sensibles du virus, celle qui interagissent avec notre organisme et sont la cible des anticorps. On sait désormais, grâce à une première étude menée en Afrique du Sud, que les cas de réinfections sont nombreux. Beaucoup des patients déjà infectés précédemment sont réinfectés par ce variant Omicron. Le taux de réinfections est nettement plus élevé avec ce variant Omicron, que lors des vagues Beta et Delta.
Résultat des courses, ce variant s’est implanté très rapidement en Afrique du Sud, dans une population peu vaccinée (25% de taux de vaccination). En fera-t-il de même chez nous ? Impossible à dire à ce stade, même s’il est déjà bien présent.
3. Le vaccin sera-t-il efficace ?
C’est évidemment une question qui taraude tous les pays du monde, en particulier ceux qui ont des taux de vaccination élevés. Les données de réinfections démontrent un échappement immunitaire certain et il y a, parmi les patients infectés, toute une série de personnes doublement vaccinées.
Faut-il pour autant conclure à l’inefficacité du vaccin face à cette souche ? "Ce n’est pas parce qu’on assiste à des cas nombreux de réinfection que le vaccin sera inefficace" explique Emmanuel André. "Avec un vaccin, le nombre d’anticorps que l’on arrive à développer est beaucoup plus important que les anticorps résiduels que l’on peut avoir développés à la suite d’une infection précédente, surtout si l’on a bénéficié du booster". Mais il faudra encore attendre pour déterminer à quel point nos vaccins, développés sur base de la souche initiale, continuent à jouer leur rôle de bouclier face à ce variant.
4. Ce variant est-il plus virulent ?
Il reste extrêmement difficile de répondre à cette question et les informations sur le sujet sont parfois contradictoires. Si l’on s’en réfère aux données épidémiques de la province du Gauteng, le nombre d’hospitalisations grimpe en flèche. Elles ont été multipliées par 6 en à peine 15 jours.