C’est juste une question de temps : on va plus que probablement réussir à trouver un vaccin et le monde scientifique dispose déjà de pas mal d’information sur le virus COVID-19. Mais pourra-t-on s’opposer à l’administration de ce vaccin ? On n’est pas des pigeons répond à la question :
Pour le professeur Michel Moutschen, professeur en immunologie et maladies infectieuses à ULiège : "On connaît bien ce virus, on sait par où il rentre dans les cellules, on sait quelles protéines du virus sont utilisées pour entrer dans les cellules, et donc dès lors on peut développer une réponse immunitaire contre les protéines en question. De nombreux vaccins sont en cours de développement. "
La grande inconnue, c’est le niveau de protection du vaccin. La situation idéale serait un vaccin qui protège à la fois l’individu de toutes complications graves de l’infection, et qui empêche aussi la circulation du virus.
Mais il est possible aussi que le vaccin n’assure dans un premier temps que la protection de l’individu. Pour le professeur Michel Moutschen : "Si on arrive à démontrer que le vaccin empêche la transmission du virus, à ce moment-là, on essayera de vacciner le plus de personnes possible pour atteindre le taux d’immunité, qui est de l’ordre de 70% de la population."
Dans ce cas précis, pourrait-on s’opposer à l’administration d’un vaccin contre la COVID-19 ?
Peut-on refuser un vaccin?
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Gille Genicot, avocat à la Cour de cassation et maître de conférences à ULiège nous explique : "Chacun a le droit de consentir aux soins qu’il reçoit, il peut donc les refuser. Ça, c’est le droit fondamental au respect de la vie privée et de l’intégrité physique. Mais à ce principe, il y a des exceptions. La vaccination obligatoire constitue l’une de ces exceptions, parce qu’elle poursuit un objectif de santé publique." En d’autres termes :
Si c’est prévu par une loi ou un arrêté royal, on peut rendre une vaccination obligatoire.
En prévision du vaccin, le n°1 mondial de tennis, Novak Djokovic, a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne voudrait pas être forcé à être vacciné pour continuer la compétition.
"Ça peut paraître un principe de constance pour des maladies presque disparues comme la Polio ou d’autres, par exemple. Mais il va de soi ici que pour le COVID-19, on ne peut pas dire que le risque n’existe plus. Il est bien présent et va le rester. Et donc dans cette "balance risques/bénéfices" que chaque individu doit évaluer pour son propre compte et en fonction de ses convictions, je pense que cette proximité du virus va certainement compter", précise le professeur Michel Moutschen, professeur en immunologie et maladies infectieuses ULiège.
Il existe donc bien un droit au respect de l’intégrité physique et aux soins que l’on reçoit, mais ce droit peut être limité et proportionné dans un but de protection de la santé publique.