Après avoir été la meilleure élève de l’Union européenne en matière de contrôle de l’épidémie, l’Irlande est devenue le week-end dernier le pays européen où elle se répand le plus rapidement. Malgré un confinement aussi strict qu’en mars, les hôpitaux commencent à avoir des difficultés.
Contaminations, hospitalisations, taux de positivité : la troisième vague bat tous les records établis par la pandémie de Covid-19 au printemps dernier. Avec plus de 10.000 cas confirmés sur sept jours par million d’habitants, l’Irlande est ce lundi le pays où le virus circule le plus rapidement. "Nos hôpitaux sont plus que sous tension", a tweeté ce lundi le chef du Service de santé irlandais, Paul Reid.
Une image a fait le tour des journaux et des chaînes de télévision ce lundi : une file d’ambulance devant les urgences de l’hôpital de Letterkenny. Pas de place dans l’établissement et pas assez de personnel : les patients ont dû être examinés à l’intérieur des véhicules en attendant que des lits se libèrent et que les médecins en repos reviennent prêter main-forte.
"Nos membres sont au bord du burn-out", s’alarme Neale Donohue, représentant de l’Irish Nurses and Midwives Organization (Organisation des infirmiers et sages-femmes irlandaise, INMO) dans le nord-ouest du pays. Letterkenny n’est pas isolé : plusieurs hôpitaux sont déjà saturés. A l’échelle du pays, la moitié des lits disponibles en soins intensifs sont occupés par des patients Covid, un chiffre qui pourrait encore s’aggraver dans les prochains jours. L’Irlande pourrait avoir passé le pic d’infections ce vendredi, avec 8248 cas confirmés en 24 heures, mais les hospitalisations connaissent un décalage d’une à deux semaines.
Variant britannique et hausse des interactions sociales
Deux facteurs expliquent la violence de cette troisième vague. Tout d’abord, la présence en Irlande du variant britannique, 50 à 74% plus contagieux que le SARS-CoV2. Ce variant est désormais à l’origine de 42% des contaminations en Irlande. Ensuite, les chiffres reflètent les rassemblements pendant les fêtes de fin d’année. Les précédentes restrictions avaient été levées au 1er décembre pour permettre à tous de faire les courses de Noël et de voyager dans d’autres comtés pour passer les fêtes en famille.
Le Premier ministre, Micheál Martin, a déclaré ce lundi qu’il ne regrettait pas cette décision : "Nous avons toujours répondu efficacement à la situation sanitaire", accusant une conjonction imprévisible de facteurs. "Si on avait su qu’on se retrouverait dans cette situation, est-ce qu’on serait repassé au niveau 3 [sur 5, sur l’échelle des restrictions] ? Peut-être pas", a admis le vice-Premier ministre Leo Varadkar.
Après avoir interdit les déplacements à plus de 5 kilomètres de chez soi et fait refermer les commerces non-essentiels, le gouvernement a décidé d’interdire le click-and-collect et de refermer les écoles et les chantiers. Tous les officiels martèlent : "Plus que jamais, restez chez vous". L’équipe médicale et Tony Holohan espèrent récolter cette semaine les premiers effets de ce reconfinement strict.