Depuis ce mardi, du personnel médical de l’armée belge est présent dans une maisons de repos, l’une située à Jette (Région de Bruxelles-Capitale). Vendredi, elle sera à Lustin en province de Namur: c'est ce qu'a appris la RTBF.
Il s’agit d’infirmiers et de brancardiers qui viennent prêter main-forte au personnel débordé des homes depuis le début de la crise du coronavirus dans notre pays. Un personnel, en première ligne auprès d’une population à risques, également frappé par l’absentéisme lié à la maladie. Ils fourniront une aide médicale, qui "consiste à mesurer les paramètres, prendre les tensions, la température, des actes qui sont habituellement effectués aussi pas nos ambulanciers et nos infirmiers" explique le médecin général major Pierre Nerincxx, le chef de la composante médicale de la Défense, mais leur rôle sera aussi "d'assister le personnel pour des tâches plus logistiques comme accompagner les résidents ou les nourrir, bref aider à ce que le personnel des maisons de repos... se repose".
Dix membres du personnel sur 50
Le home privé Archambeau, dans la commune de Jette, ce sont 81 résidents en temps normal et une équipe de 50 personnes. L’établissement existe depuis 1999 mais c’est la première fois qu’il traverse une situation aussi dramatique. "Je n’ai plus que dix membres du personnel à disposition, parfois encore quatre et six sont présents. A cela s’ajoutent sept décès liés au Covid-19 depuis le début de la crise, trois cas avérés actuellement et 13 suspicions", détaille Morgane Daniel, directrice, particulièrement affectée.
La situation n’a cessé d’empirer au fil des jours, après les premières mesures de confinement. L’ultime recours, l’appel à l’aide auprès des autorités et des militaires. "Je n’avais plus d’autres recours", se désole Morgane Daniel qui a accueilli ses huit renforts de l’armée mardi matin. "Tout a débuté lorsqu’Iriscare (NDLR : l’autorité de tutelle des homes en Région bruxelloise) nous a demandé de confiner la maison de repos, nos résidents. Nous avons interrompu les soins 'bien-être'. Mais ce n’est pas évident de maintenir tout le monde en chambre. Nous avions fermé le home à toute visite extérieure. Mais les seuls à pouvoir encore entrer et sortir, ce sont encore les membres du personnel."
Nous étions complètement dépourvus
Un dépistage précoce aurait permis d’isoler les travailleurs positifs à domicile afin d’éviter toute propagation du virus dans la résidence pour personnes âgées. "Mais nous devons faire face à un virus insidieux contre lequel nous n’avons pas le temps de réagir. Nous avons eu un employé malade, puis un résident, puis un deuxième employé, puis un deuxième résident, puis trois… La situation devenait intenable. Ensuite, nous avons connu le manque de blouses de protection, de masques de protection… Nous sommes bientôt en rupture de gel hydroalcoolique. Il faut savoir : un home n’est pas un hôpital et donc nous n’avons pas tous les outils, nous n'avons pas les ressources, nous avons été lâchés par le Fédéral. Le secteur a tiré la sonnette d’alarme dès le début de la crise mais personne ne nous a écoutés."
Autres paramètres: des médecins qui n'interviennent plus sur place et des malades renvoyés dans le home après un premier séjour à l'hôpital suite à des symptômes. Des conditions qui ne permettent pas le maintien d'une situation sanitaire optimale au sein du home.