Parmi les mesures visant à réduire les contaminations au Covid-19 dans les lieux clos (bureaux, écoles, magasins, etc.) revient régulièrement la question des détecteurs de CO2. Concrètement, il s’agit de mesurer le taux de concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’air afin de déterminer s’il est nécessaire d’aérer pour baisser le risque de contamination par aérosol du virus. Le commissariat corona recommande donc que la concentration en CO2 ne dépasse pas 900 ppm.
"Mesurer directement la concentration du virus n’est pas possible, ou en tout cas extrêmement complexe, rappelait ce vendredi en conférence de presse le porte-parole de la task force vaccination, Peter Wouters. Les capteurs de CO2 peuvent donc être un bon indicateur." En effet, l’augmentation de la concentration de CO2 permet d’estimer le niveau de ventilation avec de l’air extérieur. On considère que 40 m3 d’air extérieur par heure sont nécessaires, ce qui correspond à une augmentation de 500 ppm de CO2. Selon la task force ventilation, une concentration faible diminue le risque de contamination : à 900 ppm de CO2, le risque est dix fois moindre qu’avec 5000 ppm.
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Pourtant les capteurs de CO2 sont parfois critiqués, leur efficacité étant remise en cause. Interpellée, la task force ventilation a tenu à faire le point ce vendredi. "Il faut savoir que chaque instrument de mesure présente une marge d’erreur", rappelle Peter Wouters. Il faut donc bien choisir le bon capteur : un appareil qui mesure le taux de CO2 de manière directe et non indirecte, car il pourrait mesurer d’autres variables. C’est le cas des appareils NDIR.
Le positionnement des appareils est aussi très important : il faut éviter qu’il se trouve trop près des personnes (et donc du CO2 qu’elles rejettent en respirant, qui pourrait fausser la mesure) ou des fenêtres et des portes ouvertes. Les mesures de CO2 doivent également être ajustées par des opérations d’étalonnage (calibration en anglais), afin de garder une cohérence dans les mesures. La task force précise que certains appareils ont un étalonnage automatique (ABC).
Ventilation ou purification de l’air ?
Une autre question se pose : est-ce qu’il est utile de mesurer la concentration en valeur absolue de CO2 dans une pièce ? "C’est l’augmentation qui est importante, explique Peter Wouters, mais en général, à l’extérieur, la concentration est de 400ppm. Donc avec une augmentation de 500 ppm, on arrive à une valeur de 900ppm." Toutefois, la concentration extérieure peut être plus élevée, en ville s’il y a du trafic par exemple, elle peut monter à 450 ppm. Il faut donc en tenir compte lors de la mesure totale. "La mesure est indicative, ce n’est pas une raison de paniquer si le taux dépasse 900 ppm, il faut simplement améliorer la ventilation", ajoute le porte-parole.
La concentration peut d’ailleurs varier rapidement, rappelle la task force, c’est la raison pour laquelle des mesures ponctuelles peuvent être utiles, dans des contextes avec une occupation fixe, dans une salle de classe par exemple. "La contamination dépend aussi de l’activité, rappelle Peter Wouters : il y a une plus forte charge virale dans une chorale qu’avec des personnes assises en silence."
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Au-delà de la question du CO2, certains préconisent l’utilisation d’appareils qui purifient l’air. La task force rappelle toutefois que ces appareils, pour la plupart, ne traitent pas le CO2 : il faut donc y adjoindre une mesure du taux de concentration de CO2. En fonction du taux de distribution d’air sain (CADR, Clean Air Delivery Rate) et le taux d’occupation de l’espace, on peut ensuite déterminer le taux de CO2 maximal autorisé. "La purification doit être vue comme un complément de la ventilation, mais elle ne peut pas la remplacer", affirme Peter Wouters.
Pour estimer l’évolution de la concentration de CO2 dans l’air, la Belgian Society for Occupational Hygiene (BSOH) a travaillé sur un graphique. Ainsi, on observe que pendant 100 minutes (1h40), dans un espace où se trouvent 40 personnes et avec un débit de ventilation de 800 m3/h, le taux de concentration de CO2 augmente fortement. Si le lieu est inoccupé ensuite, le taux baisse, mais moins fortement qu’avec un débit de 4000 m3/h.
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Enfin, la task force ventilation rappelle que les capteurs de CO2 ne sont "en soi pas la solution", mais "un moyen très important et simple", rappelant que ces appareils coûtent généralement entre 50 et 100 euros. "Il faut compter sur une combinaison de dispositifs : vacciner, la distanciation, la ventilation, l’usage du masque et du gel hydroalcoolique", conclut Peter Wouters.