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Coronavirus en Belgique : les chiffres n’indiquent pas encore une baisse au niveau des soins intensifs, mais bien un plateau

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Par Miguel Allo avec François Corbiau et Margaux Guyot

La situation est-elle en train de s’améliorer dans les hôpitaux du pays ? Au niveau du nombre moyen de contaminations au coronavirus quotidiennes en Belgique et selon les dernières données de l’Institut de santé publique Sciensano, les chiffres continuent à diminuer.

Dans les hôpitaux, le nombre d’admissions à l’hôpital poursuit lui aussi sa baisse (toujours selon les derniers chiffres de Sciensano), pour une moyenne de 271 par jour entre le 6 et le 12 décembre. Ce dimanche 3277 personnes étaient encore hospitalisées en raison du Covid-19 ; elles étaient encore 3613, le 3 décembre dernier.

Si le nombre de lits en soins intensifs pour des patients Covid-19 était de 827 lits occupés en Belgique ce dimanche, ce qui correspondait à 12 de moins que la veille, ce nombre (et selon les premiers chiffres disponibles) est remonté ce lundi 13 décembre à 838. Si cela se confirme, une diminution des patients en soins intensifs n’est donc pas encore à l’ordre du jour.

Prudence, dirons-nous. Il ne s’agit, pour l’instant, que d’une baisse de deux jours consécutifs. Si nous comparons les chiffres à nouveau du 3 décembre dernier, par exemple, il y avait, ce jour-là, 804 patients aux soins intensifs au niveau du pays.

Nous avons contacté différents hôpitaux à Bruxelles et en Wallonie afin d’entendre leur réalité. La tendance est plutôt à la prudence. Les situations sont encore compliquées dans les établissements qui ont répondu, notamment et aussi en raison d’un manque de personnel soignant. 

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Ath-Borinage

Au centre hospitalier EpiCURA on ne parle pas encore de diminution ni d’une amélioration de la situation. Le nombre de cas est en augmentation. L’occupation des lits est donc encore importante. Le centre dispose de deux sites, l’un à Ath et l’autre dans le Borinage (Baudour-Hornu).

En soins intensifs, il y a actuellement 3 patients, pour 3 lits maximum, sur le site d’Ath. Dans le Borinage, 7 patients se trouvent en USI (unité de soins intensifs) pour une capacité d’accueil de 8 personnes. Le centre hospitalier rappelle que 50% de ses lits USI sont réservés aux patients Covid.

Le Docteur Wissam Bou Sleiman, médecin chef du site d’Ath précise par ailleurs que la situation est sous monitoring permanent en raison aussi de l’absentéisme du personnel soignant.

Le centre hospitalier accueille aussi des patients transférés d’autres hôpitaux et cela dès qu’une place se libère en soins intensifs. Bref, ici on ne peut pas encore parler d’une situation qui s’améliore réellement.

Charleroi

© Getty Images

Au CHU de Charleroi, on parle d’un plateau depuis une quinzaine de jours. Il y a actuellement 67 patients Covid dont 19 se trouvent en soins intensifs. Des chiffres qui ne varient pas énormément donc depuis deux semaines avec une moyenne de 60 patients Covid et 20 en soins intensifs.

Situation identique au Grand Hôpital de Charleroi, où le nombre de patients Covid en soins intensifs est de 15 aujourd’hui (pour un maximum de 20). Un chiffre stable depuis la fin novembre. En précisant aussi, que dans ce service de soins intensifs-là, aucun patient Covid n'était vacciné.

Soins intensifs / Une baisse samorce mais la situation reste tendue

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Dinant

La baisse du nombre de patients en soins intensifs n’est pas ressentie au CHU UCL Namur-site de Dinant. Cela fâche même l’équipe d’entendre dans les médias que la situation s’améliore.

Rosaria Nicolosi, infirmière spécialisée aux soins intensifs : "Il y a un très gros décalage entre ce qui passe aux informations et ce qui est la réalité du terrain. Et ça, c’est depuis le début de la crise. Franchement, la différence entre ce qu’on entend et ce qui est vécu est énorme. En général, en moins bien que ce qu’on entend dans les médias".

Dans cet établissement, tous les lits de soins intensifs sont remplis. Une patiente a même dû être transférée vers un autre hôpital, et le service a dû en refuser un autre.

Ce qui est dur, explique le docteur Frédéric Forêt, chef du service des soins intensifs, "c’est que ce sont des patients jeunes non vaccinés qui auraient pu l’être et qui le regrettent tous. Tous me le disent : si on avait su… On n’est pas que des médecins, on est aussi des êtres humains et donc on s’investit beaucoup pour ces patients. On vit des périodes de stress et de tristesse importants. On a beaucoup d’empathie pour nos patients. Pour nous, c’est regrettable de voir des gens qui sont en train de mourir et qui ne sont pas vaccinés, qui auraient pu ne pas mourir".

Une baisse de la charge de travail aux soins intensifs n’est pas encore à l’ordre du jour pour le docteur Forêt : "On voudrait y croire, parce que si on n’est pas optimiste, même en tant que réanimateur, le monde s’effondre. Donc, il faut être optimiste, mais on ne le ressent pas pour le moment".

Liège

Au CHR de la Citadelle à Liège, le docteur Jean-Louis Pépin directeur médical, nous dit : "On a une tendance à un plateau descendant, je dirais".

Au total dans cet hôpital, il y a en ce moment 80 patients Covid. Parmi ceux-ci, 15 patients se trouvent en soins intensifs. Quant à la tendance, les chiffres dans les unités de soins intensifs oscillent entre 15 et 20 patients hospitalisés pour Covid (le maximum). La semaine dernière, il y en avait 20 et ils sont donc 15 aujourd’hui. Ce médecin précise qu'"on est toujours proche du maximum, parce qu’à côté de l’activité Covid, il y a toute l’activité non-Covid qui ne s’est pas arrêtée".

Cette situation induit une pression sur les USI, sans oublier que des lits ne sont pas ouverts en raison d’un manque de personnel. "Chez nous, on peut avoir 3 à 5 lits qui ne sont pas opérationnels parce qu’il n’y a pas de personnel sur un total de 42 lits".

Malgré un "plateau descendant", les conditions ne sont donc pas évidentes dans cet établissement.

Bruxelles

Dans la capitale, la situation semble stable aux soins intensifs. C’est le cas, par exemple, pour les hôpitaux Iris-Sud qui précisent que c’est également le cas pour les patients Covid hospitalisés.

Au CHU Saint-Pierre, au niveau des hospitalisations il y a une diminution, mais la situation reste stable (pas de baisse) aux soins intensifs.

Aux Cliniques universitaires Saint-Luc, pas de diminution annoncée.

Si une légère diminution pendant deux jours dans les soins intensifs est bien amorcée au niveau global, celle-ci n’est pas encore ressentie dans tous les hôpitaux. Une situation qui reste compliquée donc pour les établissements du pays. Pour le SPF Santé publique, il s’agit de rester prudent face à cette première baisse du nombre de patients Covid aux soins intensifs et attendre que la tendance perdure avant de crier victoire.

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