Les hôpitaux sont passés en phase 1A ce mercredi, ce qui signifie que 25% des lits en soins intensifs sont réservés aux patients covid. Une situation tout à fait gérable à ce stade, mais qui a tendance à préoccuper le secteur hospitalier, d’autant que le virus affecte également singulièrement plus le personnel soignant, comme le souligne Anne Simon, médecin hygiéniste au centre hospitalier Jolimont.
"Nous avons clairement le sentiment que le virus circule beaucoup plus parmi le personnel soignant que lors de la première vague. Le virus se propage dans la sphère privée, et puis nous observons aussi des contaminations entre membre du personnel, notamment lors des repas".
Faut-il craindre de se faire soigner par du personnel soignant malade ?
Anne Simon explique que tout membre du personnel soignant présentant des symptômes est immédiatement écarté et testé. Bien entendu, comme certains sont asymptomatiques, le risque n’est pas nul. Il n’empêche ce personnel soignant porte un masque, et ce masque constitue une véritable barrière pour protéger les patients.
Les leçons de la première vague ont-elles été retenues ?
Nous devons à tout prix préserver les capacités hospitalières : voilà le message répété depuis le début de cette crise sanitaire. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour regretter que des mesures fortes n’aient pas été mises en place après la première vague. Pour Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB, le problème ne date pas d’hier : "Il y a eu une rationalisation des soins de santé en Belgique depuis une dizaine d’années, donc bien avant cette première vague. C’est l’effet des politiques successives. Il est clair que le secteur des soins de santé est sous-financé depuis longtemps… Cela se répercute inévitablement sur les hôpitaux, mais aussi sur la première ligne de soins. Par rapport à la crise sanitaire qui nous occupe, les hôpitaux sont en tout cas beaucoup mieux préparés dans la prise en charge des patients et dans l’approvisionnement en matériel, entre autres. Mais au niveau politique, nous n’avons pas vu de décisions visant à mettre en place des équipes supplémentaires ou des équipes de réserve, alors que certains pays, comme l’Italie, ont recruté massivement du personnel, notamment à l’étranger. L’Allemagne a également augmenté sa capacité de lits. Il existe plusieurs exemples de systèmes de santé bien plus réactifs que le nôtre".
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"Engager du personnel, ce serait une bonne chose, ajoute Anne Simon mais je ne sais pas où nous irions le chercher. Pour former une infirmière qualifiée, il faut bien plus que 6 mois. Et puis, pour susciter des vocations, il faut certainement chez nous, revaloriser un peu la profession".