Reprise, vous avez dit reprise ? Que Nenni. Nous sommes face à un coup d’arrêt. Selon les derniers chiffres de l’ERMG, les entreprises belges estiment que leur chiffre d’affaires est à l’heure actuelle encore inférieur de 14% à la normale. Le même niveau qu’au mois… D’août. La lente – et incomplète reprise des derniers mois, est à l’arrêt.
C’était annoncé : une reprise économique lente, douloureuse voire inexistante dans certains secteurs : nous y sommes. -14%. Voilà le niveau des chiffres d’affaires moyen au mois de septembre, tous secteurs confondus. Par rapport à l’avant crise sanitaire.
Différences sectorielles et régionales
Evidemment si l’on zoome dans cette moyenne, l’on trouve des différences sectorielles – et même régionales. A Bruxelles, les plus petites boîtes disent souffrir de manière beaucoup plus marquée qu’ailleurs. Et il ne fait pas trop de doute qu’ici, le recours accru au télétravail – et donc moins de navetteurs tous les jours à Bruxelles – affecte l’activité de nombreuses entreprises bruxelloises.
Parmi les secteurs les plus touchés, la culture : le secteur des arts et du spectacle vit son sixième mois d’affilée avec un chiffre d’affaires de 80% inférieur à ce qu’il était avant la pandémie. Pour l’Horeca, c’est toujours -40%. La construction reprend du poil de la bête, tout comme le secteur financier et l’industrie.
Reprise à l’arrêt
Par contre, il y a un recul de l’activité assez marqué dans le transport et la logistique par exemple. Malgré les contrastes sur la photo, le message est lisible : la reprise est globalement à l’arrêt. Précision supplémentaire : "l’incidence sur le chiffre d’affaires est deux à trois fois plus forte pour les indépendants et les entreprises de moins de dix employés que pour celles occupant plus de 250 employés".
Est-ce que ça veut dire que c’est la catastrophe annoncée ? Il n’y a en tout cas pas eu de rattrapage dans la consommation au mois de juillet et août.
Les derniers chiffres d’ING cités dans Lalibre ce matin sont clairs, par rapport à 2019, la baisse de la demande est globalement de 10%.
Le retour de la peur
Et puis le coup d’œil dans le rétroviseur. Ce qui vient de se passer, sur le mois écoulé, c’est une situation sanitaire qui se détériore, le retour de mesures plus restrictives, et l’évaporation de la confiance. Tant côté entreprises, que consommateurs. "La crainte du virus et les mesures restrictives continuent de freiner la reprise du chiffre d’affaires de nombreuses entreprises belges. La faiblesse de la demande reste de loin la principale raison à la base de cette perte de chiffre d’affaires et elle est citée par plus d’une entreprise sur deux", précise le communiqué.
Difficile d’y voir clair pour les mois qui viennent. Et le plus inquiétant quelque part, ce sont les perspectives d’investissements de la part des entreprises.
Que 2020 soit une année d’investissements minorés, tout le monde l’aura compris. Mais ce dernier "baromètre" de septembre annonce une année 2021, avec aussi des investissements sensiblement moindres qu’avant, réduits d’un cinquième par rapport à ce qu’ils auraient été sans la pandémie.
Un "tax shift des investissements"?
Qu’est-ce qui peut être fait ? Huit patrons lancent un appel au futur gouvernement fédéral - à lire dans l’Echo, ce mardi. Une sorte de "tax shift de l’investissement", dont le but est de mobiliser l’épargne des Belges, et de proposer un crédit d’impôt, à ceux qui investiraient en capital dans des PME belges, et uniquement au cas où l’entreprise en question ferait faillite – dans les quatre années qui suivent l’apport.
L’idée est donc la suivante : si en tant que particulier vous investissez dans une PME et qu’elle tient le coup – et génère des bénéfices, l’Etat ne vous doit rien.
Si par contre l’entreprise en arrive à faire faillite, vous récupérerez, 30% de votre apport initial. Cela veut dire potentiellement un impact sur les finances publiques c’est vrai, mais qui n’est pas, ne serait pas immédiat.