Cinémas, théâtres, salles de concerts, cafés associatifs… Environ 90 lieux de culture ont annoncé un autodéconfinement dès le 30 avril. Et ce, à la veille d’un nouveau Comité de concertation (CODECO) qui doit se pencher vendredi sur les mesures contre le Covid-19.
Quelles que soient les décisions annoncées ce vendredi, les différents lieux culturels ont décidé de ne plus attendre. 6 mois de fermeture, c’en est trop pour eux. Entre le 30 avril et le 8 mai, des activités culturelles (concerts, débats, spectacles et autres) seront donc organisées chaque jour dans le cadre d’une nouvelle action Still Standing for Culture. Au programme, il y aura des films comme le documentaire "Burning out" sur les pressions subies par le personnel de santé avant la pandémie, des spectacles comme la pièce "Interstices" sur le vécu des restrictions sanitaires par des personnes avec des troubles mentaux, ou encore des concerts d'artistes comme Judith Kiddo.
Respect des protocoles sanitaires
"Pendant ces 9 jours, certains opérateurs vous accueilleront dans leurs salles, d’autres en extérieur. Tous le feront dans le respect des protocoles sanitaires décidés par les pouvoirs publics et appliqués entre juillet et octobre 2020 (port du masque, gel hydroalcoolique, distances et sièges vides entre chaque bulle…)" dévoile le communiqué de presse, listant également tous les lieux participants (voir ci-dessous).
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Les organisateurs de cette action souhaitent une reprise immédiate des activités culturelles et rejettent fermement toute reprise "conditionnée à un calendrier arbitraire, à de énièmes expériences tests ou à des paramètres épidémiologiques auxquels d’autres secteurs ne sont pas soumis".
Mais quelles que soient les décisions prises ce vendredi par les autorités, "nous maintiendrons notre programmation", assurent-ils.
L’ouverture des lieux de culture n’a qu’un impact minimal sur les courbes
Ils expliquent vouloir "sortir de cette logique destructrice qui sacrifie les activités porteuses de sens, de débat et de lien social […] Parce que les cartes blanches, les interpellations politiques et les précédentes actions n’ont pas fait bouger les lignes."
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Ils assurent ne pas "sous-estimer la dangerosité du virus" et veulent "rappeler que les études montrent que l’ouverture des lieux de culture n’a qu’un impact minimal sur les courbes de contamination. Face aux effets attribués aux activités des entreprises, des commerces et des services."
Des arguments juridiques contre d’éventuelles amendes
Au sujet des difficultés du secteur culturel, le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke déclarait encore ce mercredi avoir "fait le choix de combattre un virus qui a tué 23.000 personnes".
Mais les lieux culturels espèrent toujours une reprise imminente des activités pour pouvoir organiser leur action dans un "cadre légal". Néanmoins, si le Comité de concertation décide de prolonger de la fermeture, les lieux participants "espèrent que les bourgmestres et procureurs n’interdiront pas l’action".
Ils assurent toutefois avoir des "arguments juridiques de poids" pour contester toute éventuelle amende.
Témoignage: "Notre secteur est à bout"
Parmi les lieux participants, le théâtre des Tanneurs donnera le 4 mai un spectacle avec 9 jeunes comédiens Bruxellois en présence du public. Le directeur Alexandre Caputo est bien résolu à braver les consignes du gouvernement.
Il explique au micro de la RTBF: "Notre secteur est à bout. Les artistes ont besoin de perspectives. Nous ne demandons pas d'ouvrir envers et contre tout. Nous voulons ouvrir avec toutes les précautions nécessaires pour que soit garantie la sécurité de toutes et tous".
"Nous sommes un lieu sûr et nous voulons le démontrer", assure-t-il en invitant les ministres à assister eux-mêmes au spectacle pour le vérifier.