Coronavirus en Belgique : à quelques semaines de la rentrée, reste-t-il des craintes pour la santé des enfants ?

Covid-19 : A quelques semaines de la rentrée, reste-t-il des craintes pour la santé des enfants ?

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C’est une question que beaucoup de parents se posent : comment se déroulera la prochaine rentrée scolaire. Officiellement, rien n’a encore été communiqué. Quelles seront les conditions de rentrée des primaires ? Les secondaires iront-ils à l’école tous les jours ? A quelques encablures, les connaissances accumulées par les milieux pédiatriques permettent de rassurer. Nous avons fait le point avec le Dr Anne Tilmanne, pédiatre et infectiologue à l’Huderf, hôpital des enfants, à Bruxelles et membre de la Task Force pédiatrique belge.

Tout d’abord, la réouverture des écoles entre la mi-mai et la mi-juin a eu peu d’incidence sur la santé des plus jeunes, comme l’estime Anne Tilmanne, pédiatre et infectiologue à l’Huderf à Bruxelles. " Quand vous regardez les statistiques, le moment où les cas d’infection ont commencé à réaugmenter, c’était plutôt à la mi-juillet. Cela augmente de manière un peu parallèle chez les enfants et chez les adultes. Cela ne semble pas avoir augmenté plus chez les enfants que les adultes. Donc, on ne peut pas vraiment dire que la réouverture des écoles ait changé quoi que ce soit par rapport à la quantité d’enfants infectés, puisque c’est arrivé beaucoup plus tard et de manière parallèle à la réaugmentation chez les adultes ", analyse le Dr Tilmanne.

Pas d’augmentation des cas d’enfants infectés

Dans cet hôpital bruxellois, l’Huderf, spécialisé dans les soins aux enfants, il n’y a jamais eu beaucoup d’enfants hospitalisés pour des raisons liées au Covid-19. Ces derniers temps, il n’y en a plus eu. Il n’y a plus non plus d’enfants malades avec des symptômes de Covid-19. " On n’a plus eu de patients malades avec des symptômes du COVID depuis un certain temps. Il se fait que chez certains enfants on trouve un portage qui est asymptomatique. Par exemple des enfants qui viennent à l’hôpital pour des fractures ou ce genre de choses, donc clairement pas des pathologies liées à une infection. Il se fait que ces patients sont porteurs mais sont asymptomatiques ", explique le Dr Tilmanne.

Depuis le début de l’été, l’Huderf a continué à tester les patients. " Pour les patients qui sont hospitalisés, on continue à tous les tester. On ne voit pas d’augmentation de cas d’infection. C’est pour ça qu’on voulait continuer à tester. Parce que cette population, on la teste depuis le début et ça nous permet d’avoir une constante quelque part et dans celle-là, on ne voit pas d’augmentation ", poursuit le Dr Tilmanne. Pour les patients ambulatoires, l’hôpital teste ceux qui présentent des symptômes du Covid ainsi que ceux qui reviennent de vacances en zone rouge.

La rentrée, dans ce contexte, un risque ? Une bonne idée ?

A la fin de l’année scolaire, la Task force pédiatrique a fortement encouragé le retour des enfants dans les écoles, en se basant sur les connaissances encore parcellaires du COVID-19. " On n’a pas de grosses études très prospectives qui arrivent à prouver que les enfants sont vraiment moins contagieux, mais par ailleurs, toutes les études faites nous le disent de manière indirecte. Quand on voit ce qui se passe avec l’ouverture des écoles, quand on voit ce qui se passe avec les camps et les activités organisés pendant l’été, il n’y a aucune catastrophe, pas d’énormes clusters. Tout est plutôt rassurant ", précise le Dr Tilmanne. Dans la pratique, les enfants semblent être moins contagieux que les adultes. " Quand il y a des clusters, des épidémies dans les familles, les enfants ne sont quasi jamais les premiers à être symptomatique et à infecter les autres. C’est quasi toujours un adulte. Et quand on a un adulte infecté dans une famille, les enfants sont moins souvent infectés que les adultes qui vivent dans la même maison ", explique le Dr Tilmanne.

En l’état actuel des choses, il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir quant à un retour des enfants en primaire dès septembre.

Pour le secondaire, la Task force pédiatrique plaide aussi pour un large retour en classe même si la situation chez les adolescents n’est pas la même que chez les enfants. " La population pour laquelle on a moins d’informations, ce sont les adolescents, les 12-18 ans. Selon certaines études, ils ont l’air de se comporter plus comme des adultes que comme des petits enfants. Physiquement, c’est vrai qu’ils ressemblent plus à des adultes. Donc, on pourrait se dire que leur potentiel de transmission ressemble plus à celui des adultes qu’à celui des enfants, mais il manque d’infos scientifiques correctement faites et vraiment fiables pour pouvoir se poser de manière plus fiable sur ce sujet-là.

En revanche, les risques courus par les adolescents en cas d’infection au Covid-19 semblent modérés et plaident pour un retour en classe. Ne pas leur permettre de poursuivre normalement leur scolarité aurait plus d’effets dommageables. " Cela va avoir plus d’effets secondaires sur eux. De toute façon, il est certain que les infections avec le COVID 19 pour cette tranche d’âge n’ont pas beaucoup d’impact. On n’a pas eu beaucoup d’hospitalisés, ils n’étaient pas beaucoup malades. Pour eux, le risque d’infection au Covid 19 est limité. Il y aura plus d’effets pour eux du fait ne pas aller à l’école ", analyse le Dr Anne Tillmane.

A l’école secondaire, masqués comme les travailleurs adultes en entreprise.

Pour la Task Force pédiatrique, on ne peut pas priver les jeunes du droit d’aller à l’école pour protéger une classe de la population plus âgée. " C’est défendable dans un premier temps mais sur le long terme, ça fait beaucoup d’effets secondaires pour eux, sans qu’ils en retirent un bénéfice ", estime le Dr AnneTillmane.

Cette analyse rejoint les réflexions de base qui ont mené, la semaine dernière, à la création de plateforme Joy. Cette plateforme, initiée par la Task Force pédiatrique belge, soutenue par les autorités et diverses instances soulignait les conséquences négatives des mesures sanitaires liées au Covid sur le développement des enfants et des adolescents. Elle vise, notamment, à améliorer la diffusion des connaissances scientifiques sur le Covid-19 et les enfants afin de ramener plus d’équilibre dans leurs vies en leur permettant de retrouver une vie scolaire et des activités sociales.

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