On ne parle pas encore d’épidémie de coronavirus en Belgique. Mais dans nombre d’entreprises, l’heure est à la prudence maximale. Des consignes sont envoyées aux employés, pour éviter les contaminations éventuelles. Certaines vont (très) loin dans les précautions. Ce qui ne va pas sans poser parfois question, en particulier dans la mise en "quarantaine" d’employés. Petit échantillon des mesures communiquées en interne dans divers lieux de travail.
Nous avons demandé à notre collaborateur de rester chez lui en quarantaine
Chez Gevers, une entreprise spécialisée dans le dépôt de brevets et de marques, on a passé commande pour des produits désinfectants et des masques. La participation d’employés à un Congrès annuel à Singapour en avril a été annulée (c’est ensuite le Congrès lui-même qui l’a été). Et un collaborateur a été prié de rester deux semaines chez lui après un voyage en Chine. "Nous avons une équipe chinoise et l’un de ces collaborateurs a rendu visite à sa famille pour le Nouvel An chinois", explique Gaëlle Gevers, la PDG. "Quand il est revenu début février, nous lui avons demandé de rester chez lui en quarantaine. Nous lui avons téléphoné ; nous en avons discuté avec lui et nous avons estimé – même avant que des mesures soient demandées — qu’il fallait qu’il reste chez lui. C’était vis-à-vis de lui, des employés, pour que tout le monde soit rassuré. Et ça s’est très très bien passé".
Les 150 employés belges disposent d’un ordinateur portable, ce qui leur permettra de télétravailler le cas échéant. "Nous n’avons pas envie de prendre le moindre risque ou d’inquiéter le moindre employé". Des consignes ont été envoyées par mail, rappelant notamment de bien se laver les mains.
Il est demandé aux managers de faire preuve de flexibilité pour le télétravail
Un exemple plutôt représentatif. Car ailleurs, des mesures tout à fait similaires sont prises, avec certaines variations. Y compris dans des institutions comme la Commission ou le Parlement européen. Là aussi on demande de rester chez soi "14 jours" en cas de voyage dans une zone à risque, avec la consigne de surveiller sa température et son état de santé. Du côté de la Commission, on peut lire dans les recommandations internes que les travailleurs dont les enfants ont été dans des zones affectées sont également invités à rester chez eux avec leurs enfants. "Il est demandé aux managers de faire preuve de flexibilité dans le traitement de toute demande de télétravail liée à de telles situations".
Si le télétravail est cité comme solution dans la plupart des exemples dont nous avons connaissance, certaines entreprises évoquent d’autres possibilités, comme la prise de congés ou de récupération. La banque BNP Paribas Fortis précise ainsi, dans son communiqué interne : "Les collaborateurs revenant (pour des motifs privés ou professionnels) de zones à risque (Chine, Thaïlande, Hong Kong, Macao, Singapour, Corée du Sud et les régions de Vénétie et de Lombardie au nord de l’Italie) doivent attendre au moins 14 jours – soit la durée de précaution maximum – avant de revenir au bureau. En concertation avec leur manager, ils pourront travailler à domicile (télétravail), prendre des jours de congé ou de récupération, etc.".
Toutes ces possibilités sont – elles bien légales ? A ce propos, voici l’analyse de l’avocate spécialisée en droit du travail Myriam Kaminski dont un extrait a été diffusé au JT de ce jeudi 27 février :