Avec un air de déjà-vu, la COP26 ne s'est pas achevée comme prévu vendredi à 18h GMT (19h, heure belge) à Glasgow, les négociateurs de près de 200 pays poursuivant dans la soirée, et sans doute la nuit, leurs discussions sur le dernier projet de déclaration finale mis sur la table vendredi matin par la présidence britannique de la conférence climat de l'Onu.
Certaines sources évoquaient vendredi soir un nouveau texte de la présidence britannique, samedi vers 8h GMT (9h, heure de Bruxelles), avant une éventuelle plénière informelle de la COP26 samedi à 10h GMT (11h, heure de Bruxelles).
Usual suspects
Les sujets qui fâchent sont les "usual suspects": le financement climatique international, le niveau d'ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre mais aussi la question des "dommages et préjudices" irréversibles dus aux changements climatiques.
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Sur le financement, les choses étaient mal emmanchées depuis le début. Les pays développés sont arrivés à Glasgow en ayant mangé leur promesse, faite initialement à Copenhague en 2009 (COP15), de réunir, dès 2020, 100 milliards de dollars annuels d'aide aux pays du Sud, les plus touchés par un dérèglement climatique dont ils sont de surcroit, vu leur faible niveau d'émissions de gaz à effet de serre, les moins responsables. "Il faut mettre l'argent sur la table", a résumé vendredi le Premier ministre britannique Boris Johnson.
Plus de moyens
Les pays du Sud et les petits États insulaires demandent davantage de moyens pour lutter contre le dérèglement climatique, un meilleur équilibre entre les fonds consacrés à l'atténuation (la grande majorité des fonds actuels) et l'adaptation, mais ils veulent aussi ouvrir un nouveau canal de financement pour les pertes et préjudices.
L'accord de Paris prévoit en outre qu'un nouveau montant, à partir du plancher de 100 milliards USD annuels, soit fixé pour l'après-2025. Les pays les plus pauvres ont évalué les besoins de financement jusqu'à 1.300 milliards de dollars, un montant colossal qui s'apparente davantage à une posture de négociation.
"Les gouvernements des pays développés ont bien été capables de débourser des milliers de milliards de dollars en quelques jours pour stabiliser leur économie face à la pandémie de Covid-19, et ils ne seraient pas capables d'augmenter leur financement climat?", peut-on entendre dans les couloirs de la COP26.
Ambitieux à quel point ?
L'ambition est un autre sujet brûlant. Comme le rappelle le projet de décision, les engagements volontaires pris jusqu'ici par les États dans le cadre de l'accord de Paris (les NDC's dans le jargon onusien) conduiraient à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre de 13,7% en 2030 (par rapport aux niveaux de 2010) alors qu'une limitation du réchauffement requiert une réduction des émissions de CO2 de 45% d'ici 2030.
La présidence britannique et l'Union européenne ont fait du "maintien en vie" de l'objectif de +1,5°C l'une de leurs priorités à Glasgow. L'accord de Paris ambitionne de limiter la hausse du mercure "bien en-deçà de 2°C et si possible à 1,5°C" mais cela ne sera pas possible sans une action climatique forte, rapide et déterminée au cours de la décennie actuelle car les politiques en cours mènent à un réchauffement mondial de +2,7°C potentiellement dramatique au cours du siècle.
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Le dernier projet de décision invite les États parties à l'accord de Paris à relever leurs engagements de réduction d'émissions dès la fin 2022. Le texte, ce qui serait une première s'il était adopté, appelle à accélérer la sortie du charbon (sans technique de capture du carbone). Si la formulation a été édulcorée par rapport à un premier brouillon de texte, l'évocation, même à demi-mots et de manière alambiquée, de la fin du charbon et des énergies fossiles est vue par les ONG comme une (demi-)victoire.