Climat

COP26 : c’est quoi, comment ça fonctionne et quels sont les principaux enjeux pour "sauver" notre climat ?

CLÉ DE L INFO : début de la Cop26

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Par Caroline Gilet et Clémence Dath

La rubrique Derrière les chiffres décrypte chaque semaine les données de la pandémie de Covid19, mais cette semaine, changement de cap. En marge de la COP26, elle se consacre au climat en collaboration avec Peter Wittoeck et Philippe Marbaix.

Car la COP26 qui se déroule à Glasgow, en Ecosse, à partir du 1er novembre est l’un des évènements phares de cette fin d’année 2021. On en entend beaucoup parler dans les médias ces dernières semaines, mais savez-vous réellement ce qu’est la COP26 et ce que ça veut dire ?

L’acronyme COP signifie " Conférence des Parties " à la Convention de l’ONU sur le climat et les changements climatiques. "C’est une sorte de Parlement des trois traités des Nations Unies sur les changements climatiques qui ont été adoptés : la Convention-cadre de 1992, le Protocole de Kyoto de 1997 et les Accords de Paris en 2015, raconte Peter Wittoeck, responsable de la délégation belge à la COP26. C’est la mise en œuvre de ces trois Traités. "


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Les parties sont, en fait, les États membres. Ils sont 196 cette année. Ils doivent discuter des changements climatiques et décider de la manière dont ils vont les aborder et surtout les minimiser. "L’agenda officiel des COP, ce sont des décisions sur des sujets très techniques. On y passe des heures et des jours entre experts très pointus", explique Philippe Marbaix, chercheur à l’UCLouvain et membre de la plateforme wallonne pour le GIEC.

La COP ne réunit donc pas que les décideurs politiques, diplomates et fonctionnaires. Des experts, des ONG, des jeunes se retrouvent pour des discussions "de couloir" et des discours qui donnent le ton. "Toute personne qui s’occupe de la politique climatique au niveau mondial se retrouve là", rappelle Peter Wittoeck. Cette année, plus de 20.000 personnes sont attendues à Glasgow.

Pourquoi la COP26 ?

Tout simplement, car c’est la 26e édition. Des milliers de personnes se retrouvent chaque année. La première a eu lieu en 1995 à Berlin : c’est là que se sont retrouvés les pays qui ont ratifié le texte de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) trois ans plus tôt.

Mais le bilan de cette première Convention est mitigé. Aucune mesure concrète n’est prise. Cependant, les 120 états représentés prennent acte que la situation climatique est grave et qu’il est nécessaire de réduire la production de gaz à effet de serre (GES) relevant de l’activité humaine.

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Quelques grandes décisions

Depuis 1995, les COP se sont enchaînées et si elles n’ont pas toutes eu de gros retentissements dans les médias, certaines ont vu naître des avancées importantes. On épinglera notamment la COP3, en 1997, où les Accords de Kyoto ont été signés par 184 états. Ces accords visaient à réduire de 5% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2012, mais ils ne valaient que pour les pays développés.

Ce n’est que lors de la COP21, en 2015 à Paris, que cette distinction entre pays "développés" et "en voie de développement" va s’effacer. L’Accord de Paris sur le climat a été signé par 195 gouvernements qui s’engagent volontairement à fournir des efforts concrets. "C’était un évènement exceptionnel", confirme Philippe Marbaix.

L’accord a été validé, mais il reste des questions qui ne sont pas tranchées. Aucune des quatre dernières COP n’a débouché sur des réponses concrètes. C’est donc l’ambition de cette COP26 à Glasgow, "finir le processus qui était en cours aux COP précédentes et qui vise à fixer les modalités pratiques de mise en œuvre de l’Accord de Paris", poursuit l’expert.

Défi numéro 1 : de nouvelles ambitions climatiques

Les résultats de la COP25 de Madrid (elle devait se tenir au Chili initialement, ndlr) "n’ont pas été à la hauteur des attentes ", écrit la plateforme wallonne pour le GIEC dans une lettre. La COP26 a donc de grands défis à relever…

D’abord, de maintenir la hausse des températures en deçà de + 2°, voire plutôt vers + 1,5°C, comme convenu initialement dans l’Accord de Paris (COP21). Et pour arriver à un tel résultat, une diminution drastique des émissions de carbone sera nécessaire au cours de cette décennie. Depuis l’Accord de Paris, les états signataires devaient être évalués tous les cinq ans sur les efforts fournis et devaient présenter leurs nouvelles ambitions en matière de réduction des émissions de GES (ce que l’on appelle les NDC, ou CDN en français, les Contributions déterminées au niveau national). Ça n’a pas été fait l’an dernier en raison du report du sommet à cause de la pandémie.

Ci-dessous, une vidéo qui montre le réchauffement climatique entre 1880 et 2020 (Source : Nasa) :

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Le premier objectif de cette édition est donc que les pays qui ont ratifié l’Accord de Paris soumettent leurs objectifs et leurs plans politiques à l’horizon 2030, selon Peter Wittoeck, "parce que les ambitions contenues dans les premières versions de ces plans ne sont pas suffisantes pour atteindre ces objectifs", explique-t-il.

C’est l’un des grands enjeux de cette année. Les États-Unis et l’Union européenne ont déjà donné leurs ambitions, mais tous les pays ne l’ont pas fait. Un récent calcul des Nations Unies affirme d’ailleurs que les CDN (les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales, ndlr) soumis ne concernent que 49% des émissions globales.


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Un autre rapport affirme que les objectifs restent trop faibles. D’ici la fin du siècle, la température pourrait grimper de 2,7 degrés. Depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), la température moyenne à la surface du globe a augmenté de 1,2°C.

La COP pourrait donc mettre la pression sur les pays qui n’ont pas encore rendu leurs ambitions. À l’heure actuelle, seuls les plans du Royaume-Uni et de la Gambie sont considérés comme compatibles avec la limite de 1,5°C.

Défi numéro 2 : la promesse des pays développés

Deuxième objectif : l’argent, le nerf de la guerre, et le financement climat. Les pays dits développés ont promis d’aider les états en voie de développement à l’horizon 2020. Une promesse de 100 milliards faite à Copenhague en 2009, lors de la COP15.

Mais ça coince. " L’OCDE a récemment publié son rapport avec les chiffres de 2019 et on avait encore un déficit d’environ 20 milliards de dollars ", regrette le responsable de la délégation belge.


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L’objectif n’a donc pas été atteint. "Ce n’est pas une bonne chose pour la confiance entre les parties. On a besoin de cette confiance parce qu’on décide tout par consensus. Si un pays s’oppose sur un texte, on ne peut pas conclure sur ce texte", explique-t-il.

Et pourtant, les discussions lors de la COP26, tourneront autour d’un nouvel objectif de financement à partir de 2025. Il faudra donc rassurer les pays en développement.

Défi numéro 3 : des règles claires autour du marché du carbone

Autre aspect qui n’a pas été tranché lors des précédentes COP : les règles autour du marché du carbone. Pour l’instant, "ceux qui ont peu de possibilités de changer leur industrie et leur économie à des coûts limités pour réduire leurs émissions peuvent acheter des émissions là où elles coûtent moins cher", explique Philippe Marbaix.

Mais en réalité, les règles ne semblent pas très claires. Certains pays demandent de pouvoir compter doublement leurs émissions. "C’est comme si les deux pays avaient réduit de 10 tonnes alors qu’en réalité, il n’y a qu’une fois 10 tonnes qui ont été réduites", constate Peter Wittoeck. Et c’est là un point très technique à résoudre à Glasgow.


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Quoi qu’il en soit, les différents états semblent déterminés. Les États-Unis, qui avaient quitté l’Accord de Paris sous Donald Trump les ont réintégrés depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. L’usine du monde, la Chine, qui fonctionne encore en grande partie grâce à des centrales à charbon, a promis la neutralité carbone d’ici 2060. Mais ils sont 196 autour de la table alors "ce n’est vraiment pas sûr qu’on aboutisse à des accords", prévient déjà Peter Wittoeck.

Chez nous, le plan a été renforcé en décembre 2020. La réduction de GES entre 1990 et 2030 devrait être d’au moins 55%. La neutralité carbone étant prévue pour 2050.

A écouter aussi sur ce sujet : le podcast de Derrière les chiffresJohanne Montay a rencontré Romain Weikmans, spécialiste des politiques climatiques, enseignant à l'ULB et chercheur à l'Institut finlandais des affaires internationales.

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