Dans le même sac
Ostensiblement, le président du PS commente le match entre Ecolo et la N-VA comme une partie de football. Comme s’il était au balcon. Et surtout comme si cette partie respectait des règles du jeu. Or ce qui est assez frappant dans cette affaire, c’est que son parti fait partie de trois équipes, le Fédéral, la Région bruxelloise, la Région wallonne. Bizarre donc de commenter depuis le bord du terrain.
D’autant plus bizarre qu’un des joueurs, la N-VA, semble avoir décidé de jouer au football avec les mains. Comment considérer autrement ce plan du Gouvernement flamand qui limite les efforts de réduction de gaz à effet de serre à 40% d’ici 2030 là ou l’Europe en demande 47% ? Ce qui revient à demander à Bruxelles et à la Wallonie de faire plus d’effort de leur côté pour laisser tranquille les industries du nord du pays.
Autre solution, renégocier tout l’accord de répartition européen pour demander aux pays de l’Est d’en faire plus. Bref changer les règles pour qu’on puisse jouer au football avec les mains.
Le président du PS, comme les autres acteurs politiques francophones qui ont commenté le match (MR, cdH, DÉFI), ont tous dénoncé l’absence d’accord. Mais ils semblent plus se délecter de voir Ecolo tenu en échec que du sort réservé au climat lui-même. Car tous ces acteurs ne disent pas comment il aurait fallu arriver à un accord avec un Gouvernement flamand qui exige du sud du pays les efforts que lui-même ne veut pas faire. Aucun de ces acteurs ne dit comment il aurait fallu être à la hauteur du traumatisme des inondations qu’a connu la Wallonie en juillet et en même temps à la hauteur (minimale) de la N-VA qui souhaite protéger les intérêts de son industrie.
Vilvorde
Coup dur également pour les écologistes que ce refus du permis pour la centrale au gaz de Vilvorde censée compenser la sortie du nucléaire en 2025. Là aussi la N-VA est à l’offensive. Là aussi bâton dans la roue d’une centrale stratégique à quelques semaines de la prise de la décision de prolongation du nucléaire est un coup porté au Fédéral et en particulier aux Verts à la manœuvre dans ce dossier. Même si les écologistes ont déjà laissé entendre qu’ils pourraient vivre avec une prolongation de deux réacteurs nucléaires ce sera une sacrée couleuvre à avaler.
Derrière ce conflit entre la Flandre et le Fédéral, deux visions du monde, deux visions de la transition écologique et énergétique s’affrontent sur fond d’intérêts économiques majeurs. Et elles s’affrontent aussi au sein du Fédéral, le MR est ouvertement pronucléaire, et le PS, qui se dit écosocialiste regarde les écologistes se manger les murs.
Reste la position du CD&V et de l'Open VLD d’Alexander De Croo, partenaires de la N-VA au sein du Gouvernement flamand et partenaires d’Ecolo au Fédéral. Jusqu’à un certain point leur position est intenable. C’est d’ailleurs la conclusion de l’éditorial du Standaard aujourd’hui : "La question reste de savoir ce que font encore Open VLD et CD&V au sein du Gouvernement flamand".
Mais la question rebondit surtout au Fédéral, et touche aussi Ecolo : sans accord climat et avec un prolongement des réacteurs nucléaires, que ferait encore Ecolo au Gouvernement fédéral ? Et si ça devenait intenable ? Il n’est pas dans les plans de la N-VA que la Belgique fonctionne, que le Fédéral réussisse et que les Verts triomphent.