Il est compliqué de cartographier et de quantifier l'ampleur de la désertification, explique Alice Alonso. Tout dépend des indicateurs de mesure choisis.
On peut par exemple utiliser les satellites, qui vont donner une indication sur la couverture végétale et sur son évolution à travers le temps : diminution, augmentation, rapidité de l'évolution, zones impactées... Les images satellite permettent maintenant de retourner 40 ans en arrière.
Mais la résolution de ces images est relativement grossière, on ne peut pas identifier le type de végétation observée. La verdure n'est pas toujours une indication favorable : il peut s'agir d'intensification agricole avec irrigation, qui n'est pas forcément une bonne chose en termes de dégradation des terres. On peut aussi avoir une invasion de végétation néfaste, pour d'autres raisons, sur l'écosystème.
Des variables biophysiques et socioéconomiques entrent aussi en ligne de compte.
Il est donc difficile à dire si la désertification progresse réellement. Le dernier rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur ce sujet, sorti en 2019, relève des reverdissements à certains endroits, des assèchements à d'autres, avec un certain équilibre en termes de couverture végétale.
Mais en termes de dégradation des ressources naturelles et des services écosystémiques, cela semble clair que, oui, on a effectivement une érosion sur le long terme. Pour la biodiversité, il y a un consensus absolu sur le fait qu'on a une érosion très alarmante sur laquelle il est important d'agir.