Quand on parle de Bruxelles et des chantiers qui sont en cours ou dans ses cartons, les termes de "revitalisation", "redynamisation", "redéploiement urbain" ponctuent les brochures et les discours. Comme si chacun, région bruxelloise et promoteurs immobiliers, regardait la Ville-région d'en haut et pouvait "remodeler" ces quartiers populaires qui semblent délaissés pour les transformer et les rendre plus attractifs. Ces projets vont de pair avec un phénomène de gentrification à Bruxelles.
Mathieu Van Criekingen, professeur à l’ULB en géographie et en études urbaines, étudie ce phénomène depuis plus de 20 ans. Il le définit comme "toutes formes de réaménagement de quartiers populaires à l’avantage de groupes sociaux plus favorisés".
Dans son livre "Contre la gentrification" aux éditions La Dispute, il invite à observer ces transformations de la ville à hauteur de Bruxellois. Nous l'avons rencontré au pied du Musée d'art contemporain Kanal-Centre Pompidou.
Nous sommes le long du canal, à côté du Pont Sainctelette. C'est une zone qui est en transformation depuis un bon moment, vous pouvez nous y décrire ce phénomène de gentrification?
C'est une zone qui a été longtemps une zone logistique de marchandises. Depuis une bonne vingtaine d’années, elle connaît une transformation spectaculaire. On y observe un recul de ses fonctions historiques, industrielles et celles-ci sont remplacées par des fonctions nouvelles comme le loisir, la culture, le logement haute gamme.
Les projets de gentrification y sont multiples: la Tour UP-Site et ses 41 étages de logements de luxe, Tour et Taxis et un énorme projet immobilier privé, le musée Kanal-Centre Pompidou, toute une série d’autres projets immobiliers en cours de construction, le long du canal et de nouveaux équipements avec un nouveau parc et une nouvelle passerelle.