Les manifestations ont repris mardi à Kinshasa, où des soldats de la garde républicaine (GR) ont tiré en l'air pour disperser un groupe de pilleurs qui s'en prenaient à un magasin tenu par des Chinois, selon un photographe de l'AFP. Des journalistes de l'AFP ont aussi vu un mini-bus brûler. A la mi-journée, des milliers de personnes quittaient le centre-ville pour regagner leur quartier, en l'absence de transports en commun.
A Bruxelles, lors d'un sit in devant l'ambassade du Congo, un des manifestants raconte que les parlementaires se sont vus proposer 50 000 dollars pour voter la loi électorale contestée (et 60 000 dollars pour les sénateurs). Face à la RTBF, ce manifestant a appelé un député au Congo qui lui a confirmé que c'est une pratique courante dans le pays.
La situation reste très tendue alors que les forces de l'ordre procédaient à plusieurs arrestations peu avant midi. Dans le "Quartier 1", les policiers ont été visés par des lanceurs de pierre embusqués dont on ne parvenait pas à déterminer le nombre, a indiqué cette journaliste.
Une "chasse à l'homme" est en cours
D’après Paul Nsapu, secrétaire général de la FIDH fédération des droits de l’homme en RDC, les forces de l’ordre opèrent une "chasse à l’homme" à la recherche des opposants qui ont appelé à manifester lundi. La plupart d’entre eux n’ont pas dormi chez eux.
Jean-Claude Muyambo, l’ex-bâtonnier de Lubumbashi a été cueilli à l’aube à son domicile et on est sans nouvelles de lui. Il s'agit d'un proche du gouverneur du Katanga Moise Katumbi, qui s’est envolé il y a 48 heures pour Londres, officiellement pour des raisons médicales. Les autres leaders de l’opposition avaient pris soin de ne pas loger chez eux.
Didier Reynders se montre inquiet
Le ministre des Affaires étrangères s'est montré préoccupé par les événements qui secouent la RDC et désire éviter un glissement du calendrier électoral causé par les manifestations violentes.
Didier Reynders "appelle tous les acteurs au calme et à la retenue". Il rappelle aussi que "le soutien de la Belgique au processus électoral dépend de la fourniture d’un calendrier clair conforme à la constitution, et d’un budget".
L'ONU déplore les pertes humaines
Le chef de la Misison des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco), Martin Kobler, a pour sa part déploré mardi "les morts et les blessés à la suite des incidents qui se sont produits lundi matin à la suite des violentes manifestations, et l'usage de la force létale par les forces de sécurité qui s'en est suivi.
"L'usage de la force par les forces de l'ordre doit toujours être proportionné, imposé par la nécessité, et en dernier recours", a-t-il souligné dans un communiqué.
"Je lance également un appel à l'opposition à manifester pacifiquement. Toute manifestation doit se faire dans le calme et dans les limites autorisées par la loi", a conclu le chef de la Monusco.
SMS et Internet coupés
Suite aux affrontements, les autorités ont ordonné la coupure des services de télécommunications : internet, SMS et la 3G. "L'Agence nationale du renseignement (ANR) nous a donné l'ordre de couper internet pour Kinshasa jusqu'à nouvel ordre", a déclaré à l'AFP le responsable d'un opérateur sous le couvert de l'anonymat. "A ma connaissance, cela s'applique à tous les opérateurs", a indiqué un autre.
Air France a annulé son vol pour Kinshasa, et le vol Brussels Airlines fera escale à Luanda comme prévu, la compagnie évaluera ce soir si elle poursuit jusqu'à Kinshasa ou pas.