Les Etats-Unis ne veulent pas d’une guerre coloniale au Congo, mais ils tiennent à ce que le Congo ne tombe pas dans le camp soviétique. L’ONU décide dès le 14 juillet d’intervenir au Congo. La résolution exige fermement de la Belgique le retrait de ses troupes au plus vite, mais la Belgique tentera de reculer l’échéance le plus tard possible. Les premiers casques bleus débarquent le 16 juillet. Ils seront jusqu’à 20.000 et resteront quatre ans.
La Belgique s’engage dans l’option katangaise
Le 12 juillet, le Premier ministre Eyskens se réjouit " de voir au Katanga un gouvernement capable de prendre des décisions " et précise que " les forces belges n’interviendront jamais dans un but politique avoué ou masqué ". Le 16 juillet, le gouvernement fait un pas de plus : " Le gouvernement du Katanga a proclamé son indépendance, l’ordre y règne. L’appui de notre collaboration est assuré au Katanga, comme dans toutes les autres régions du Congo où règnent la sécurité et l’ordre ". Avec la décision de l’ONU de retrait de l’armée belge, la plupart des officiers et conseillers restent au Katanga, mais officiellement à titre personnel.
Le 21 juillet, le roi Baudouin : " Des ethnies amies nous demandent notre aide "
Le 21 juillet, lors de la fête nationale, le message du roi Baudouin est consacré au Congo :
" La Belgique avait espéré que les populations du Congo seraient aptes à se gouverner elles-mêmes. Il n’en a pas été ainsi. Un mouvement d’affreuse cruauté s’est déchaîné dans la Force publique du Congo, et des autorités responsables, loin de le combattre, se sont efforcées de dresser contre des Belges le peuple congolais ".
Ensuite, la phrase qui explique et défend l’appui de la Belgique à la sécession katangaise :
" Des ethnies entières, à la tête desquelles se révèlent des hommes honnêtes et de valeur, nous ont conservé leur amitié et nous adjurent de les aider à construire leur indépendance au milieu du chaos qu’est devenu aujourd’hui ce que fut le Congo belge. Notre devoir est de répondre à tous ceux qui nous demanderont loyalement notre collaboration ".
En septembre, le gouvernement Eyskens est remanié : victoire des " pro-Katanga "
Le gouvernement est divisé : soit appuyer fermement l’option katangaise, et repartir de cette province pour réunifier un Congo pro-belge, au risque de soutenir une sécession, soit soutenir l’Etat congolais unitaire, tout en essayant d’en changer la direction.
Le Roi Baudouin est mécontent de la manière dont le gouvernement Eyskens a géré la décolonisation et la crise congolaise. Il veut écarter Eyskens et mettre en place un cabinet d’affaires. Le Premier ministre Eyskens refuse et lui fait savoir le risque d’une nouvelle " affaire royale ", dont cette fois, la monarchie belge ne se relèverait pas.
Finalement, le gouvernement Eyskens sera remanié en septembre. Mais les ministres " pro-Congo " sont remerciés. La ligne dure, la ligne " pro-Katanga " l’emporte. Harold d’Aspremont Lynden, proche de l’Union minière et de la Société générale de Belgique devient ministre des Affaires africaines. Il est ouvertement favorable à la sécession katangaise.
Le Congo sombre ensuite dans la débâcle : en août, la province du sud Kasaï proclame sa sécession, qui sera durement réprimée par l’armée congolaise. A Léopoldville, c’est la crise politique : le président Kasa-Vubu révoque le Premier ministre Lumumba, qui lance une procédure de destitution du président. Le colonel Mobutu fait son premier coup d’Etat le 14 septembre, et " neutralise " le président Kasa-Vubu et le Premier ministre Lumumba.