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Congé menstruel : des entreprises françaises sautent le pas

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Par RTBF TENDANCE avec AFP

Après l'entreprise montpelliéraine La Collective début janvier, la filiale française de la marque Intimina annonce à son tour l'instauration d'un congé menstruel pour ses employées. Cette mesure commence doucement à faire son chemin dans le monde de l'entreprise. Mais le sujet continue de diviser dans les pays qui commencent à le mettre en place comme la France ou encore l'Italie.

24h de congé en cas de règles douloureuses : révolutionnaire !

À l'occasion de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle le 28 mai dernier, la filiale française de la marque suédoise de produits d'hygiène féminins Intimina annonce la mise en place d'un congé de "24 h minimum" à destination de ses salariées, que ces dernières pourront poser afin de se reposer en cas de règles douloureuses puisqu'on le sait, les règles douloureuses affectent la productivité au travail.

"Le 28 mai représente un jour symbolique car cette date porte toutes les missions pour lesquelles nous œuvrons au quotidien : lutter contre la stigmatisation autour des règles et mettre fin à la précarité menstruelle. Nous souhaitons faire changer les choses et commencer par le faire de l'intérieur, au sein de nos équipes", explique Amandine Ranson, Manager pour Intimina France.

Cette idée n'est pas révolutionnaire dans le monde puisque certains pays d'Asie, dont la Chine, la Corée du Sud et le Japon, en ont déjà et parfois même depuis plus de 70 ans (comme au Japon).

9 femmes sur 10 aimeraient ne plus être réglées

Selon un sondage Ifop réalisé en avril pour la même marque, une femme sur deux souffre de règles douloureuses. Neuf sondées sur dix vont même jusqu'à affirmer qu'elles souhaiteraient ne "plus avoir leurs règles".

Douleurs, fatigue, anxiété... Les maux associés aux menstruations sont nombreux. Pour certaines femmes, les règles sont tellement invalidantes qu'elles sont à l'origine d'absentéisme, que ce soit au bureau ou à l'école.

C'est notamment ce que démontre la première édition du baromètre de l'association Règles Élémentaires, dans lequel 44% des femmes interrogées déclarent avoir déjà manqué le travail à cause de leurs règles (ou connaissent quelqu'un à qui cela est arrivé).

L'initiative divise le secteur associatif

Cette annonce a fait ressurgir les discussions autour de ce type de mesure, objet de débats depuis plusieurs années. Il faut dire que le sujet divise jusque dans les sphères militantes féministes.

Encouragé dans la mesure où il vise à améliorer le bien-être des femmes au travail et réduire les inégalités salariales, le congé menstruel suscite également des inquiétudes. Il pourrait avoir des conséquences à long terme qui pourraient s'avérer contre-productives, craignent certaines militantes pour les droits des femmes.

C'est notamment le point de vue de l'association Osez le Féminisme, qui redoute qu'un congé menstruel renforce la stigmatisation autour des règles.

Gaëlle Baldassari, créatrice du mouvement Kiffe ton cycle, estime quant à elle qu'une telle mesure pourrait augmenter la discrimination à l'embauche, partant du principe que les employeurs préféreront recruter des hommes afin de réaliser des économies sur le plan financier.

Une large majorité de femmes soutiennent la mesure

Mais qu'en pensent les principales concernées ? Une enquête Ifop diffusée en mars dernier et réalisée pour la marque de culotte menstruelle Eve and co révélait que 68% des femmes y seraient plutôt favorables.

Avis appuyé par la journaliste Élise Thiébaut, auteure du livre "Ceci est mon sang", paru en 2017 aux Éditions La Découverte. "Si 68% le demandent, c'est bien que cela correspond à un besoin ressenti", estime-t-elle dans un article publié par le journal 20 Minutes, dans lequel elle commente les résultats du sondage Ifop.

La journaliste, qui a longuement réfléchi à la question, plaide pour un congé menstruel plus inclusif et égalitaire : "Toute entreprise devra désormais prévoir un congé menstruel (aussi appelé "Journées lunaires") de douze jours par an, quel que soit le sexe de la personne salariée, susceptible d'être pris ou capitalisé en vue d'une activité si possible non productive et relaxante", préconise-t-elle (non sans humour) dans son "Manifeste pour la révolution menstruelle" publié le 28 mai 2020 sur le site de Mediapart.

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