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Conflit en Ukraine : une part de responsabilités pour l’Otan ?

© AFP or licensors

Par Belga

Le conflit qui oppose la Russie et l’Ukraine s’est intensifié depuis plusieurs semaines et une nouvelle étape a été franchie lundi soir avec la reconnaissance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk, dans l’Est de l’Ukraine. Si les actes de la Russie sont condamnables, elle n’est pas seule responsable de la situation, l’Otan y ayant contribué, souligne auprès de Belga Christophe Wasinski, professeur en relations internationales à l’Université libre de Bruxelles (ULB).

"Les problèmes actuels trouvent leur origine à la fin de la guerre froide, dans les années 1990", explique M. Wasinski. Afin d’établir des relations plus apaisées avec la Russie, l’Europe met en place toute une architecture sécuritaire, comprenant des accords de désarmements et de surveillance nucléaire. "Cette architecture a évolué avec le temps et a été en partie détricotée, par la Russie mais aussi par les États-Unis", expose le professeur en relations internationales.

Ainsi, une série de traités, comme le traité anti-missiles, celui sur les forces nucléaires intermédiaires ou celui dit "Open Sky" qui permettait de survoler son ancien ennemi pour surveiller qu’il ne concentrait pas ses forces, ont été dénoncés, leur application a été abandonnée. Or, il s’agissait de "mesures de confiance, pour rendre les relations plus transparentes et éviter les conflits", pointe M. Wasinski.

Les relations entre la Russie et les États-Unis, et par extension l’Europe, se sont tendues au fil du temps. "Les actes de la Russie sont évidemment condamnables, mais elle n’est pas la seule responsable, l’Otan a contribué à la situation, notamment en voulant s’étendre à l’Est" de l’Europe, juge M. Wasinski.

"L’Ukraine a bien entendu le droit de vouloir entrer dans l’Otan", insiste le professeur de l’ULB, "mais ce n’est pas parce qu’on a le droit, que ce n’est pas perçu comme étant menaçant", souligne-t-il. "Pour comprendre comment les crises reviennent, il faut se mettre dans la tête de l’autre camp" et du point de vue de la Russie, l’Otan peut apparaître comme menaçant.

D’autant que depuis les années 1990, la nature de l’Otan a changé, pointe M. Wasinski. "Avant, l’objectif était la protection des territoires des États membres mais depuis les années 1990, non seulement l’organisation s’étend, mais elle agit également en dehors de ses frontières" comme en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, en Afghanistan ou en apportant son soutien aux manœuvres en Libye.

"Certaines opérations de l’Otan se sont également effectuées sans résolution du Conseil de sécurité de l’Onu, comme au Kosovo", rappelle le professeur en relations internationales.

S’ajoute à cela le fait que "le régime ukrainien actuel est plutôt favorable à l’Otan et la Russie considère qu’il ne fait pas ce qu’il devrait pour assurer la sécurité et l’autonomie des russophones d’Ukraine", éclaire Christophe Wasinski.

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