Conséquence, alors que les discussions entre Russes et Américains portent essentiellement sur la sécurité, les Européens ne sont pas conviés à la table de négociations. " Je pense qu’il y a une forme de régression des Européens sur la scène internationale " analyse Nicolas Gros-Verheyde. " Souvenez-vous, en 2009, le président russe Dmitri Medvedev a proposé un traité de sécurité européenne aux Européens. Pas à l’Otan mais aux Européens " insiste le spécialiste.
Aujourd’hui, les Européens ne négocient pas sur l’Ukraine
" Avant cela encore, en 2008, sous la précédente présidence française de l’Union européenne, le président français Nicolas Sarkozy avait pris l’avion lors d’une tournée épique pour faire la navette entre Tbilissi et Moscou lors de l’intervention russe en Géorgie pour trouver une porte de sortie à ce conflit. Et avec succès, souligne Nicolas Gros-Verheyde, parce qu’à l’époque les Russes ne voulaient pas aller jusqu’à Tbilissi, ils voulaient juste marquer le coup et marquer les limites de leur zone d’influence. Là, l’Europe avait un vrai rôle et elle l’a toujours parce qu’elle a encore des observateurs sur le terrain, en Géorgie, face à l’armée russe pour éviter une reprise des violences, ce qu’on appelle dans le jargon militaire de la " déconfliction ". Aujourd’hui, on peut remarquer qu’on n’est pas à ce niveau-là dans le dossier ukrainien. C’est pour ça que je parle d’une régression. Aujourd’hui, les Européens ne négocient pas sur l’Ukraine. "
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Faute de pouvoir peser seule sur la scène internationale, et en attendant l’émergence d’une véritable autonomie stratégique, aujourd’hui encore très hypothétique, les Européens devront cette fois encore s’appuyer sur les Etats-Unis pour assurer leur sécurité.
L’analyse intégrale du journaliste Nicolas Gros-Verheyde est à découvrir dans Merci, l’Europe ? !, ce samedi 15 décembre, à partir de 13h00, sur La Première.