Toute cette semaine encore, l'émission CQFD en mode grand entretien, vous propose chaque soir 25 minutes avec un spécialiste pour faire le point sur l'épidémie de coronavirus, mais aussi pour vous permettre de poser toutes vos questions (via l'adresse mail cqfdrtbf@rtbf.be). Notre invité, ce jeudi: Moïra Mikolajczak, psychologue spécialiste de la parentalité, professeure à la Faculté de psychologie et sciences de l'éducation de l'UCLouvain.
La crise agit comme un catalyseur de décompensation
Depuis le début du confinement, de nombreux parents télé travaillent tout en devant surveiller leurs enfants. Une situation compliquée, particulièrement pour les papas et mamans d'enfants en bas âge ou d'enfants en difficultés. Pour leur proposer soutien psychologique, un numéro (le 0471 414 333) a été activé.
Depuis lundi, une équipe d'une trentaine de psychologues se relaient au bout du fil, parmi lesquels Moïra Mikolajczak qui distingue trois situations: "il y a les parents déjà en vulnérabilité psychique auparavant, et sur lesquels la crise agit comme un catalyseur de décompensation parce qu'ils ne savent tout d'un coup plus gérer. Il y a les parents qui avant géraient très bien leur parentalité, mais pour qui le coronavirus va amener des difficultés liés à une rupture d'équilibre, avec un risque de violences dans certains cas. Enfin, il y a les parents qui perdent des ressources à cause de la situation".
Une formidable opportunité de passer du temps en famille
Le risque de burnout parental est bien présent, poursuit la psychologue: "on peut effectivement aller jusque-là mais il ne faut pas dramatiser non plus: il y a des familles pour qui cette crise est une formidable opportunité de passer du temps ensemble. Mais effectivement, un certain pourcentage de la population est aujourd'hui à risque qui, nous le pensons, va s'épuiser en burnout parental. Car la situation actuelle crée un vrai déséquilibre entre les stresseurs - qui augmentent - et les ressources - qui diminuent - et c'est ce déséquilibre qui fait le lit du burnout parental".
Et puis, tous les parents ne sont évidemment pas logés à la même enseigne, quand il s'agit de jouer les enseignants. Les difficultés peuvent être grandes pour les parents solo ou dans des situations précaires. Toutes les familles n'ont pas un logement qui se prête à de bonnes conditions d'apprentissage, ni n'ont accès à un ordinateur ou à une imprimante, pour permettre le travail à distance de l'enfant, ce qu'on appelle la fracture numérique.