Confinement : dans l'enseignement des élèves ont disparu des radars

Confinement : dans l’enseignement fondamental des élèves ont disparu des radars

© VIRGINIE LEFOUR - BELGA

Durant la période de confinement, certains élèves de l’enseignement fondamental semblent avoir "disparu des radars". L’échevin en charge de l’enseignement francophone de la commune de Schaerbeek, Michel de Herde, estime qu’entre "15 à 20% des élèves" du réseau des écoles communales schaerbeekoises n’ont eu aucun contact avec leurs enseignants ces deux derniers mois.

"Dans quel état psychologique, mais aussi dans quel état de maîtrise des savoirs nous allons retrouver ces élèves ? Il y aura un retard à rattraper, c’est certain", déplore-t-il. "Ce nombre important a été causé par deux problèmes distincts : La précédente circulaire de la ministre de l’enseignement constituait des recommandations et donc certains enseignants n’ont produit aucun accompagnement des élèves. La ville de Schaerbeek en tant que pouvoir organisateur ne peut donc formuler aucun reproche". Les écoles se sont également heurtées à la fracture numérique. "Certaines familles ne disposent pas d’ordinateur ou de connexion internet à domicile. Elles n’ont pas pu se procurer le travail nécessaire".

La chasse aux élèves disparus, l’une des priorités pour la reprise

Dans les écoles, les professionnels de l’enseignement s’activent pour préparer la reprise des cours ce lundi 18 mai. Une circulaire de la fédération Wallonie Bruxelles décrit précisément comment les cours doivent reprendre. L’objectif est de mettre en place les conditions de sécurité les plus optimales pour permettre une reprise partielle et progressive des leçons.

L’une des mesures évoquées dans cette circulaire concerne ces enfants disparus : "Il est important de tout mettre en œuvre pour essayer d’établir un contact individuel avec des élèves qui auraient échappé aux démarches déployées jusqu’ici pour maintenir le lien", précise la circulaire 7550 pour la rentrée scolaire.

Certaines écoles proactives depuis le début du confinement

Privé de la composante principale de leur travail - le relationnel – celui en chair et en os, les enseignants ont dû être proactifs. Certains ont mis sur pied plusieurs méthodes pour rester en lien avec leur classe. Ils ont eu recours à des applications de vidéoconférence, ils sont allés sonner aux portes de ceux qui ne répondaient pas et parfois ils ont envoyé de devoirs à la maison. C’est le cas dans l’école communale Les jardins d’Elise à Ixelles. "Sur 550 élèves, il y en avait une vingtaine pour qui nous avions une crainte", explique Gilles Roeseler, le directeur de l’école. "Ce sont des enfants issus de familles où la langue française n’est pas la langue maternelle. Ce sont souvent des parents qui n’étaient pas trop au courant de ce qui se passait. Ils avaient parfois peur de mal faire et donc ils se sont un peu coupé du monde extérieur".

Là aussi, comme ailleurs, le problème de l’accès informatique s’est posé. La commune d’Ixelles, le pouvoir organisateur, est partie en quête d’ordinateurs et de connexions internet. "Nous avons pu identifier ces familles", détaille Romain De Reusme, l’échevin en charge de l’instruction publique, "nous avons pu acquérir 200 ordinateurs et nous les avons distribués il y a deux semaines. Nous avons également développé un partenariat avec Proximus afin d’offrir une connexion internet gratuite à toutes les familles qui n’avaient pas ce matériel informatique".

Voilà pour le bon exemple, mais on peut craindre que le lien ne soit pas facile à maintenir partout. Il est encore trop tôt pour estimer concrètement l’impact du confinement sur le décrochage scolaire. Phénomène, qui en temps normal est déjà fort présent en Région bruxelloise où près d’un élève sur dix est déconnecté de ses apprentissages.

L’enseignement secondaire ne semble pas épargné

La plupart des ados sont très connectés. Sur leur smartphone, ils jonglent avec les outils numériques. Nous en avons contacté quelques-uns sur WhatsApp et le constat est unanime : ils gardent contact avec leur école via des applications ou des plateformes numériques. Ils répondent à leurs professeurs et renvoient leurs devoirs. À les entendre, ces jeunes, n’ont pas décroché et ont été actifs dans leur apprentissage.

Mais, ce n’est pas toujours le cas, malgré les efforts de certains professeurs, les classes virtuelles restent parfois vides. C’est le cas de la classe d’anglais de Marieke Vandendrift. Elle est professeure de néerlandais et d’anglais au Sacré-Cœur de Lindthout à Woluwe-Saint-Lambert. "Ce mercredi matin, j’avais normalement cours de grammaire avec les élèves qui doivent se perfectionner. Sur 12 élèves, il n’y en avait qu’un seul présent. Je l’ai remis à la semaine prochaine", explique-t-elle. En général, ses élèves sont toutefois très réactifs mis à part l’un d’entre eux qui n’a pas répondu à ses sollicitations depuis le début du confinement. Dans cette école secondaire, la direction estime à près de 10% le nombre d’élèves qui ont abandonné dans certaines matières.

Les voir s’éloigner inquiète la Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel (FAPEO). "L’urgence maintenant c’est de raccrocher ces enfants à l’école et de les ramener et ça ne va pas être une chose facile dans les conditions dans lesquels le retour à l’école va se faire", confie Véronique de Thier, la responsable de la régionale de Bruxelles.

Extrait du journal télévisé du 12 mai 2020

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