Brabant wallon

Condamnée pour violence au travail en première instance, l’UCLouvain change de stratégie en appel

Devant la cour du travail, l’UCLouvain a tenté de démontrer qu’elle avait pris la mesure de la gravité des problèmes évoqués par la professeure Nieberding.

© Hugues Van Peel – RTBF

La cour du travail de Bruxelles a examiné ce jeudi le litige opposant la professeure Caroline Nieberding à son employeur, l’UCLouvain. Depuis des années, Caroline Nieberding se plaint de violences sexistes et de harcèlement au travail au sein de l’Earth and Life Institute (ELI). Et elle reproche à l’université de ne pas prendre les mesures adéquates pour la protéger, ce qui la rendrait elle-même coupable de violence et de harcèlement.

En première instance, le tribunal du travail du Brabant wallon a donné raison à la plaignante sur presque toute la ligne, ce qui a poussé l’UCLouvain à faire appel.

Des mesures ont été prises, selon l’université

Devant la cour, l’université a changé de stratégie. Pas question cette fois d’attaquer frontalement la professeure en tentant de démonter ses accusations et de la discréditer, comme ce fut le cas devant le tribunal du travail. L’avocat de l’UCLouvain, Jacques Clesse, s’est plutôt attaché à démontrer que l’université a considéré très sérieusement les graves problèmes soulevés par Caroline Nieberding, et qu’elle a mis des choses en place pour y remédier, à la suite des rapports établis par différents organes internes et externe.

Le confinement décidé suite à l’apparition du Covid-19 aurait cependant empêché la concrétisation des premières mesures préconisées. Plus tard, une commission d’enquête interne a recommandé la mise en place d’un dispositif de médiation, mais ce processus n’aurait pas abouti en raison du refus d’y participer de deux personnes visées par les plaintes de Caroline Nieberding.

Ce jeudi, les débats devant la cour du travail ont duré trois heures.
Ce jeudi, les débats devant la cour du travail ont duré trois heures. © Hugues Van Peel – RTBF

Appelant à la nuance "dans un dossier qui soulève beaucoup d’effervescence et de passions", l’avocat de l’université a expliqué que les personnes auxquelles Caroline Nieberding adresse des reproches n’ont pas eu la possibilité de s’exprimer, alors qu’elles ont aussi fait part de difficultés et de souffrance et qu'elles s’estiment injustement stigmatisées. Et que si l’UCLouvain a l’obligation d’assurer le bien-être de Caroline Nieberding, elle est aussi l’employeur des autres.

Or, pour Jacques Clesse, aucun rapport n’a permis d’établir de manière certaine les faits dénoncés par Caroline Nieberding.

"Nous ne disons pas qu’elle ment ou qu’elle affabule, mais que les faits ne sont pas suffisamment établis pour prendre des mesures contre les personnes mises en cause", a-t-il déclaré, tout en reconnaissant la souffrance et les difficultés de la professeure.

Une tentative de médiation ?

L’avocate de Caroline Nieberding, Violaine Alonso, n’a pas caché son étonnement d’entendre l’UCLouvain continuer d’affirmer que les faits ne sont pas établis. Et au début de sa plaidoirie, elle a recentré le débat sur la seule question à laquelle la cour doit répondre, selon elle, indépendamment de la responsabilité de chacun pour les faits et dysfonctionnements constatés au sein du service de sa cliente : "L’UCLouvain a-t-elle eu une réaction suffisante et adaptée par rapport aux faits soumis ?"

Pour Violaine Alonso, la réponse à cette question est non. Elle estime que l’université manqué à ses obligations en n’intervenant pas activement pour trouver des solutions, alors que les responsables de l’institut ELI étaient dans l’incapacité de le faire eux-mêmes.

Concernant la procédure de médiation que l’université dit avoir voulu mettre en place, il n’y a aucune preuve de cette initiative, selon l’avocate de la professeure. Au contraire, les demandes répétées de médiation formulées par Caroline Nieberding sont restées lettre morte.

Pour Violaine Alonso, l’université a clairement commis une série de comportements abusifs, constitutifs de harcèlement, comme l’exclusion de la professeure Nieberding du pôle auquel elle appartenait, sans avoir tenté la moindre médiation.

"Séparer les protagonistes était une décision sage et raisonnable", a pour sa part indiqué l’avocat de l’université.

La cour rendra son arrêt le 4 mai.

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