Imaginez : deux cents paires d’yeux rivés sur vous. Pendus à vos lèvres. Il faut briser le silence, prendre la parole. Porter un texte que l’on a lu tant de fois. Le défendre, avec ses tripes. Brandir ses idées. Convaincre et toucher. Se surpasser.
"On se sent comme le Roi du monde "
C’est ce que propose le concours Eloquentia. Il a fait le tour de la France et pour la première fois, il prend ses quartiers à Bruxelles. Il est co-organisé par ULB Engagée ASBL, les Ambassadeurs d’expression citoyenne et la Maison de la Francité. Aslam El Amouri y participe. L’éloquence est entrée dans sa vie depuis plusieurs années. Et c’est comme une addiction pour lui : " C’est très particulier comme moment, on se sent vraiment comme le roi du monde. Tout le monde nous regarde, il y a une certaine adrénaline qui naît de ce moment-là, qui est tellement jouissive, que quand on y goûte, et quand on est fier de soi après y avoir goûté, on a toujours envie d’essayer encore et encore ".
Ce mercredi, c’est la demi-finale. Il reste 4 candidats. Pour comprendre d’où ils viennent, pour comprendre la mécanique, on vous raconte le quart de finale.
Le quart de finale: départager 8 candidats
On est à la mi-mars. Et c’est le quart de finale. L’auditoire de l’ULB à Flagey est plein à craquer. Un public jeune, très jeune et survolté attend les premières joutes. D’abord, on leur explique les codes : les sujets et les positions ont été imposés aux candidats : "La victoire est-elle au bout du fusil ?" "Sommes-nous des copies qu’on forme", "Faut-il chercher de midi à 14 heures ?" et "Faut-il exulter ?"
Sur les 86 inscrits des éliminatoires, il reste 8 candidats. Pour le président du Projet Eloquentia Bruxelles, Dimitri Roosbeek : " Celui qui va passer, ça ne sera plus le meilleur orateur, c’est celui qui aura fait la meilleure prestation, qui saura le mieux gérer son stress ".
Dans les coulisses, on sent la tension. Des candidats stressés. Il y a des chips et du coca, posés sur la table, mais personne autour. Fatima se cache dans un coin pour répéter. Elle défend la position "pour" de la question "Faut-il exulter ?" et cela a été très compliqué pour elle d'écrire ce texte: "Exulter, c'est très sentimental, ça parle au fond de la personne. Et c'est complètement à l'opposé de moi. D'habitude, je fais quelque chose de très rationnel, des arguments d'autorité, des références historiques. Il m'a fallu des jours et des jours. Maintenant, je me sens enfin prête. Je veux me prouver que je peux le faire. Je suis quelqu'un de timide, qui de base bégaie, je suis dyslexique. Arriver ici, c'est vraiment un accomplissement, un long chemin".