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Concentration : pourquoi décroche-t-on si vite et comment y remédier ?

© Getty Images

Par RTBF La Première via

Depuis deux décennies, les nouvelles technologies ont complètement haché notre quotidien et les notifications virtuelles nous assaillent chaque jour de toutes parts. Notre capacité d’attention serait passée de 12 à 8 secondes en 15 ans. Soit une de moins que celle du poisson rouge, estimée à 9 secondes. Avec le retour en présentiel, bon nombre de travailleurs vont devoir retrouver une habitude de travail… et de nouvelles raisons de se déconcentrer. Quel est l’impact de ce trouble sur la vie au bureau et nos capacités de travail ?

On ne se rend pas compte à quel point on est déconcentré, souligne Jean-Olivier Collinet, de Jobyourself, qui parle carrément de malnutrition cérébrale. Et on est tellement déconcentré qu’on ne se rend pas compte de l’impact négatif que cela a sur la santé mentale, sur le désengagement au travail, jusqu’au burnout.

Le retour au travail est l'occasion de prendre de nouvelles et bonnes habitudes !

L’hyperconnectivité en question

L’hyperconnectivité joue un rôle énorme dans cette crise de la concentration. En moyenne, sur notre GSM, nous recevons 46 notifications sur la journée. Mais il faut savoir que notre cerveau met ensuite 17 minutes à se reconcentrer quand il a été déconnecté de sa tâche. Techniquement parlant, on peut donc ne jamais être concentré sur la journée !

Le neurobiologiste Jean-Philippe Lachaux appelle cela le cerveau funambule. Si le funambule est déconcentré, il fait demi-tour. Si notre cerveau mémorise le fait qu’on est tout le temps déconcentré, il se fatigue comme un muscle, et, à un moment donné, n’a plus envie de se concentrer. Si on a perdu cette concentration, c'est notamment parce qu’on se laisse maltraiter par tout l’environnement externe.

La perception du temps de communication a également changé. Dans le mode de communication que nous avons aujourd’hui, l’être humain hyperconnecté attend un taux de réponse ultrarapide, quelle que soit l’urgence. L’attente de réponse est de 15 minutes. 

Un problème conjoncturel

Par rapport à la déconcentration, les neurosciences montrent que notre cerveau n’a pas du tout changé, d’un point de vue structurel. Le problème est conjoncturel, explique Jean-Olivier Collinet.

"Dans notre instinct d’hommes des cavernes, la problématique d’attention était liée à la logique de survie. Nous avons toujours cet instinct en nous et lorsque nous recevons une notification, perçue comme un signal d’alerte, c’est cet instinct de survie qui nous pousse à voir de quoi il s’agit."

Il est prouvé que depuis les crises du climat, du Covid, les gens sont plus stressés, ont plus peur et sont encore plus vite distraits par leur environnement. En période de stress, nous sommes hyper concentrés sur le danger éventuel, l’instinct de survie est à son maximum et nous empêche de nous concentrer sur les tâches quotidiennes.

Quelques conseils pour y remédier

La concentration est une logique d’éducation. Diverses techniques sont possibles pour se désintoxiquer de la connexion.

La technique du pomodoro

  • Réglez un minuteur sur 25 minutes et coupez toutes vos notifications. Concentrez-vous sur une tâche. Il est prouvé que votre cerveau donne le meilleur de lui-même pendant les premières 25 minutes.
  • Puis donnez-vous 5 minutes pour ouvrir vos notifications et y répondre.
  • Puis reprogrammez 25 minutes pour vous déconnecter et effectuer vos tâches.

Vous vous éduquez ainsi à la concentration. Le plus dur, ce sont les 7 ou 8 premières minutes, parce qu’il faut se désintoxiquer de son gsm, de ses emails, alors qu’on pense que tout est important.


Le deep work

La technique du deep work peut être utile pour apprendre à se concentrer sur son lieu de travail.

Dans un open space, il est recommandé de mettre en place des signaux pour indiquer les périodes de concentration ou de collectivité. Par exemple, mettre un casque quand on ne veut pas être dérangé, l’enlever quand on est ouvert à la communication collective.

Il faut aussi créer des moments de déconcentration collectifs.

L’entraînement à la concentration

On peut vraiment parler d'une logique d’entraînement, pour parvenir à se couper de certaines choses et à se reconcentrer, un peu comme un sportif ou un apnéiste. Le chirurgien lui aussi arrive à un taux de concentration très élevé, au fil de son éducation, et parvient à se couper du monde pour opérer pendant un long moment.

Un haut degré de concentration implique un haut degré d’efficacité, de productivité et aussi de satisfaction.

Le sentiment du devoir accompli et l'autosatisfaction génèrent des hormones du plaisir, des endorphines et stimulent le plaisir au travail.

"Le danger est que si on ne s’éduque pas à se reconcentrer, dans le nouvel environnement de travail, on risque de nouveau d’avoir des fragilités mentales, un désengagement, une perte de sens. Il faut se le dire, se rééduquer et le communiquer entre collègues aussi. C’est une thématique qu’il faut aborder", recommande Jean-Olivier Collinet.

Il faut profiter du retour au travail pour remettre des règles dès le départ, pour retrouver des bons moments d'autosatisfaction au travail et à la maison.

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