"À l'origine, le commerce équitable vise à améliorer les conditions de travail des petits producteurs locaux, mais également à modifier le fonctionnement du commerce à l'échelle mondial, rappelle Samuel Poos, coordinateur du programme Trade for Development Centre de la Coopération Technique Belge (CTB). Mais aujourd'hui, certains nouveaux labels tentent plutôt d'intégrer le commerce équitable au marché tel qu'il fonctionne aujourd'hui…"
Et ces labels n'ont pas d'autorité à laquelle ils doivent rendre compte. Aucun cadre légal, pas de label officiel, aucune vérification de l'État. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. En 2005 et 2006, plusieurs propositions de loi se sont succédé et visaient notamment à intégrer une protection du consommateur, mais aussi et surtout à protéger le vocabulaire "équitable". Différents lobbies ont opéré en coulisse, dont un blocage de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) qui souhaitait conserver une "saine concurrence" entre les différents labels.
"Monopole de fait"
"Il y avait quand même une volonté politique, précise Samuel Poos. Mais certains avaient cependant un monopole de fait et ne voulaient pas le perdre ou le remettre en question. Ces structures étaient déjà si fortes, agissaient déjà presque comme autorité en la matière et constituaient déjà un point de repère suffisant pour le consommateur que les démarches ont été abandonnées."
Derrière ces "structures" se cachent sans nul doute Max Havelaar, aujourd'hui "Fairtrade International", le label le plus connu en matière de commerce équitable. À titre d'exemple, les ventes de produits équitables en Belgique s’élevaient en 2012 à un peu plus de 95 millions d’euros, dont 86 millions issus uniquement de produits offrant la garantie Fairtrade-Max Havelaar.
Pour Karlien Wouters, responsable de la politique de communication chez Fairtrade International, cela n'a pas empêché l'organisation de souhaiter une légifération du secteur. "Par le passé, nous y étions très favorables, assure-t-elle. Nous avions même fait du lobbying en ce sens. Mais nous nous sommes vite rendus compte que beaucoup d'acteurs étaient concernés, parmi lesquels des labels de commerce durable, non pas équitable."